Broadchurch s01e08

(ITV) saison 1 comprenant 8 épisodes et saison 2 prévue –
Broadchurch (ITV)

Cette semaine, ma chronique musicale prend des accents nordiques ! Alors que les jeux olympiques d’hiver battent leur plein et que la météo humide et venteuse digne d’un bord de mer concerne une bonne partie du pays, je vous propose de nous projeter sur la côte anglaise du Dorset accompagnée d’une musique islandaise appropriée.
Il sera en effet question de Broadchurch diffusée entre mars et avril 2013 sur l’anglaise ITV et qui débarque dès lundi sur France 2 (3 épisodes d’un coup à prévoir…). Son pilote avait fait l’objet d’une note dans cette colonne mais je n’avais pas insisté. L’imminence de sa diffusion française m’a poussé à approfondir et si je n’ai pas regretté ce visionnage, je suis loin d’y trouver que des qualités.

Mais priorité à la musique avec plusieurs extraits du travail d’Ólafur Arnalds qui réalise la bande son de la série :


Ólafur Arnalds est un islandais multi-instrumentiste. Il fait ses débuts comme batteur punk rock mais s’oriente assez vite vers le piano. Il est alors fasciné par l’exercice de la musique de film et compose très vite des ensembles musicaux dans l’esprit d’une bande son. Aujourd’hui, il compte trois albums et plusieurs Eps. Sa musique s’oriente vers le piano classique accompagné de cordes sur un fond d’ambient electro. Je vous recommande vivement un portrait publié sur Le Monde pour découvrir un peu plus ce musicien très complet.

Le choix d’Arnalds pour accompagner un whodunit (littéralement qui l’a fait ?) évoque fortement Bron/Broen est son générique signé Choir of Young Believer dont je vous parlais ici.
De manière plus générale, la comparaison avec la coproduction suédo-danoise saute aux yeux. Broadchurch est produite par Kudos, une branche du groupe Shine déjà responsable de Bron/Broen. Tout comme cette dernière qui a été déclinée chez FX aux US (The Bridge) et en coproduction anglo-française (The Tunnel), Broadchurch est reprise par la Fox qui travaille sur une version nommée Gracepoint (avec le même David Tennant en acteur principal et Nick Nolte). Il est même question que France 2 décline sa version.

Je ne vais pas détailler tous les points communs entre les deux séries mais l’on peut souligner certains thèmes centraux qui sont l’imperfection des hommes de loi, le rôle biaisé de la presse, l’infidélité et surtout un regard cru sur l’émotion (le deuil, le sentiment de revanche).

Broadchurch est une petite ville côtière où tout le monde se connaît. Mais tout bascule lorsque le corps d’un jeune garçon est retrouvé sur la plage en contrebas d’une falaise. La thèse du suicide est très vide abandonnée et le mystère s’épaissit…


La série est une création de Chris Chibnall. Alors qu’il connaît bien la région pour y avoir vécu, Chibnall nous fait découvrir une communauté soudée en apparence mais dont les relations se fissurent après le drame.
La vision frontale du deuil d’une famille constitue un passage particulièrement traumatisant de la série. On est projeté sans filet dans les émotions de ces parents qui viennent de perdre leur fils et cela avec une vigueur rare. Avec le recul, je suis très critique sur cet aspect qui masque un certain vide de la série, notamment sa pauvreté au niveau des ressorts de l’enquête.
Il est évident que Broadchurch fonctionne grâce à son casting ! Les expérimentés David Tenant et Olivia Colman mais aussi Jodie Whittaker dans le rôle de la mère de famille bouleversée et bouleversante.

Sans rien révéler, de nombreuses incohérences jalonnent la série d’un point de vue strictement policier et il apparaît, au terme de la série, assez peu probable qu’une telle enquête puisse avoir autant traîné.
La mise en scène fonctionne elle aussi un peu à l’esbroufe ! le premier épisode étonne avec un long plan séquence bien pensé et très dynamique. On est séduit par une lumière rasante qui sublime les falaises locales ainsi que des cadrages intéressants. Seulement tout cela devient vite répétitif voir neutre. Nous somme alors bien loin des ambiances si travaillées du polar scandinave donc Chibnall se réfère.

Il n’en reste pas moins que Broadchurch est une série qui est à voir ! Son casting parfait et sa facture surpassent de nombreuses tentatives sérielles indigestes en provenance de nos contrées et je ne saurai trop vous conseiller d’encourager France Télévisions à puiser dans une production anglaise toujours de qualité !

Alors que Chibnall avait pensé la série comme une mini-série, une suite a malgré tout été commandée, bien aidée semble-t’il par des audiences confortables. Il sera très intéressant de voir comment la série pourra rebondir. On pourrait imaginer alors un basculement vers l’anthologie saisonnière…

Visuel & Vidéos : Broadchurch / ITV / France 2
Musique : Broadchurch OST par Ólafur Arnalds (2013 Mercury Classics Rec.)

5 commentaires sur « Broadchurch s01e08 »

  1. « Sans rien révéler, de nombreuses incohérences jalonnent la série d’un point de vue strictement policier et il apparaît, au terme de la série, assez peu probable qu’une telle enquête puisse avoir autant traîné. » > lesquelles ? ça ne m’avait pas frappée au visionnage, je trouvais au contraire que les « retards » semblaient toujours vraisemblables tant ils avaient un appui dans le drama.
    Merci de la découverte musicale, j’avais pas cherché qui était derrière la bo encore !

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    1. Le cas du marchand de journaux est significatif si je me souviens bien. Il est très vite suspect mais on le disculpe que bien plus tard alors que rien n’empêche la police de découvrir son passé il me semble. En fait tout est fait pour mener au paroxysme émotionnel dans la série. Y a des passages qui fonctionnent et d’autres moins je trouve…

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