Silicon Valley s01e01 « minimum viable product »

(HBO) saison 1 en 8 épisodes –
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Dimanche dernier, outre les retours en fanfare de Veep (saison 3) et du Game of Thrones (saison 4), HBO programmait un nouveau dramedy très géographiquement centré : Silicon Valley.
Le genre de la comédie sur lieu de travail est déjà bien défriché avec des séries comme The Office ou bien Parks & Recreation. L’univers des geeks fait également le bonheur des téléspectateurs de CBS grâce à The Big Bang Theory depuis maintenant sept saisons tout de même. Y-avait-il donc une place supplémentaire pour cette histoire d’incubateur disruptif ?

Mais passons à la musique si vous le voulez bien ! Vous vous demandez quelle musique convient le mieux à un univers chargé en composants électroniques ? Eh bien la voici :


Le premier de ces deux morceaux accompagne le court générique de Silicon Valley et impulse véritablement la couleur musicale du reste de la bande son. Le musicien derrière ce son si caractéristique se nomme Thomas Fec mais il propose ses titres sous le nom de scène de Tobacco.
Fec est plus connu comme leader d’un effort collectif au nom à rallonge de Black Moth Super Raimbow. Basés à Pittsburgh, le quintet garde un certain anonymat et pratique une éléctro expérimentale elle aussi, mais plus facile d’accès que Tobacco.
Si le groupe possède une base de fans fidèles, leur musique leur ouvre toutefois bien peu de portes. Ainsi, leur dernier disque — Cobra Juicy — a été financé grâce à Kickstarter, ce qui, vous en conviendrez, les rapproche singulièrement de l’univers « startupien » !

La démarche de Fec est ses acolytes consiste à utiliser majoritairement un son analogique, à savoir des synthétiseur anciens, des filtres que plus personne n’utilise et bien sur le vocoder bien avant son retour en force au sein de la scène hip hop.
Cette musique électronique non répétitive et qui ne renie pas son aspect bricolée dans son garage convient parfaitement à l’univers d’un groupe de programmateurs qui cherche à percer.

Et justement, de quoi est-il question dans ce pilote ? Richard Hendrix est un informaticien qui en plus d’un job dans une firme technologique de Palo Alto (la fictionnelle Hooli), tente de monter un projet dans le cadre d’un groupe de développeurs rassemblés au sein d’un incubateur du bas de l’échelle. Souvent moqué, Hendrix parvient pourtant à surprendre son monde avec un algorithme de compression potentiellement révolutionnaire…


La série est chapeauté par un cador de la télé US, un dénommé Mike Judge ! Celui qui a créé le célèbre duo peu animé mais très grossier Beavis & Butt-head est depuis considéré comme une sorte de gourou de la scène comique nord américaine. Mais Judge apporte ici encore un peu plus de crédibilité au projet. En effet, il écrivait et réalisait Open Space en 1999 qui reste, aujourd’hui encore, considéré comme une référence dans la représentation de l’informaticien dans son environnement de travail.
Si l’on recule un peu plus loin, Judge est un ancien majeur de promotion en physique qui a brièvement exercé dans une société de la Silicon Valley justement. Tout cela faisait de lui la personne idéale pour aborder la question.

Mais Silicon Valley nous parvient seulement quelques mois après Betas, autre tentative pour décrire le quotidien du wannabe programmateur immergé dans ce coin si particulier de Californie qui marquait les débuts — en compagnie d’Alpha House — d’Amazon en matière de création originale.
Très proche sur le papier, Betas utilisait l’environnement comme un prétexte pour évoquer une bande de jeunes touchée de plein de fouet par cette « associalite » aiguë qui fait, semble-t-il, des ravages en ces lieux, alors que le Silicon Valley version HBO ne s’intéresse pas à ces personnages — du moins pour l’instant — et préfère éclaircir le  quotidien des différentes structures que constitue la sphère informatique locale.

Après seulement un épisode, il est encore un peu tôt pour affirmer que Silicon Valley atteint son but. Pourtant, j’aime beaucoup la manière dont elle s’approprie un antagonisme fort de ce milieu. Les nouvelles technos tentent systématiquement, tant bien que mal, de véhiculer une image qui a quelque chose à voir avec une attitude punk alors qu’elles sont principalement le fait d’ingénieurs très respectueux des bonnes manières.
Si le tableau semble dans le vrai, Silicon Valley sera surtout jugée pour sa capacité à développer une trame narrative consistante en huit épisodes. Ce pilote ne donne aucune garanties dans cette voie.

Silicon Valley (HBO) posterVisuels : Silicon Valley / HBO
Musique : Tobacco “stretch your face” & “backwoods altar”
(2010, 2008 Anticon Rec.)

9 commentaires sur « Silicon Valley s01e01 « minimum viable product » »

    1. Le deuxième est dans la continuité ! La bande son reste de qualité elle aussi mais je reste dubitatif quand à l’ambition de la série. Parviendra-t-elle à intéresser au delà de sa niche high-tech ?!

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  1. N’y connaissant à peu près rien dans le domaine, j’avoue être assez circonspecte vis-à-vis de ce pilot… Je vais pousser un peu plus, mais je ne suis pas sûre d’être la cible ! 😛

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  2. Hello Yann,
    même si Halt and catch fire ne m’a pas passionné, je suis tes conseils et j’attaque Silicon valley.
    Bravo encore une fois pour la qualité de tes “papiers”
    Bye
    Nicolas

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