Fargo s01e03 « a muddy road »

(FX) saison 1 en cours contenant 10 épisodes –
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Voici mon récap’ du troisième épisode de Fargo (FX) diffusé le 29 avril. Lors du précédent volet, je me fendais d’une analyse sur le rythme de la série, affirmant que le deuxième épisode tout en décélération, permettait de trouver un rythme propre plus éloigné de l’illustre film originel des frères Coen.
Mais il faudra s’y faire, ce Fargo s’inscrit pleinement dans l’art du contre-pied et les théories vite emballées seront aussi vite démontées. Plusieurs ruptures s’offrent à nous dans ce “a muddy road” et je vous propose d’y plonger tout de suite après l’avertissement de rigueur !

Le mot “récap” ne vous ai pas familier ?! L’objectif de ce qui suit est de décrire l’épisode de manière détaillée. Il présuppose que vous, chère lectrice ou cher lecteur, avez vu le dit épisode ! Si ce n’était pas le cas, à vos risques et périls…


Après deux ouvertures au milieu de nulle part, c’est un décor tout autre qui s’offre à nous. un grand bâtiment de bureaux froids puis des couloirs menant à des espaces de travail cubiques. Nous l’apprendrons plus tard mais nous nous trouvons à Saint Paul ! Un petit point géographique s’impose : St Paul est la capitale de l’état du Minnesota même si elle se trouve tout près de Minneapolis, la plus grande ville de l’état. Cette proximité est à l’origine de l’appellation Twin Cities. Google Maps m’apprend qu’elles se situent à près de 4 heures de voiture de Bemidji.
Mais revenons à nos bureaux. Un employé visiblement stressé semble surveiller l’arrivée de quelqu’un avec angoisse. Un magnifique écran de veille à poissons exotiques ne parvient pas à le calmer et l’instant d’après, c’est notre cher Lorne qui s’empare de l’inconnu en le trainant par sa cravate ! Lorne est décidément un drôle de personnage. Non seulement il parade presque avec son chargement devant d’autres employés. On se doute également qu’il n’ignore rien des caméra de surveillance qui n’en perdent pas une miette. Et enfin il prive sa victime de ses vêtements avant de l’installer dans son coffre.
La suite, on la connait même si on la découvre par l’intermédiaire de l’inconnu dévêtu qui se débat comme un beau diable dans le coffre. Il y a cette sortie de route. L’inconnu en caleçon prend la fuite et n’ira pas plus loin qu’une forêt bien glacée !
En plus de cette escapade citadine, cette ouverture est en soi une double rupture. Nous venons en effet d’assister à un retour dans le temps (ou flashback pour les intimes) ! Ce qui n’était pas arrivé jusqu’ici alors que le récit se livrait de manière parfaitement linéraire.

La séquence suivante nous permet de comprendre pourquoi cette ouverture dans le passé s’imposait. Molly a identifié l’inconnu en caleçon. Il se nomme Phil McCormick et elle se rend à St Paul sur son lieu de travail. Après un témoignage peu utile des collègues qui nous permet tout de même d’apprendre que Phil était un comptable qui avait sûrement des dettes de jeu (hypothèse la plus crédible), Molly découvre enfin la silhouette de Lorne grâce aux caméras de sécurité.

Et justement, Lorne, du côté de Duluth, décide de rendre une visite à Don Chumph (Glenn Howerton et remarquez ce blaze fantastique…). Son nom n’est pas annoncé mais vous me ferez confiance, il s’appelle bien Don. Rappelez-vous, c’est le coach sportif d’Helena, la femme de Stavros. Lorne l’a percé à jour avec sa crème bronzante et Don qui n’a rien d’un Draper, avoue lamentablement qu’il veut ouvrir un bain turc…
Lorne : “Here it is: You’re screwed. You made a choice, and this is the consequence. Me, I’m the consequence.”
A cet instant, on se dit : et voilà, mission accomplie pour Lorne qui résout ainsi l’énigme qui lui avait été confié par Stavros. Mais notre cher Lorne est décidément bien retors ! Il annonce à un Don médusé que le chantage va continuer sous ses instructions.

On reste à Duluth dans la scène suivante mais cette fois-ci au commissariat en compagnie de Gus. Son interpellation ratée de Lorne le travaille. Une recherche sur la plaque d’immatriculation du véhicule que conduisait Lorne ce soir là confirme ses inquiétudes. Il voit le visage de Lester apparaitre sur son écran et comprend que la situation est grave.
Il va donc trouver son Lieutenant et lui annonce la nouvelle. Schmidt — c’est son nom — n’est pas ravi et demande à Gus de consulter la liste des malfrats connus avant surtout d’annoncer la mauvaise nouvelle lui même du côté de Bemidji. Il est franchement pas commode le lieutenant Schmidt et ne veut surtout pas se mouiller, évoquant une ancienne affaire à Sioux Falls.

Mais c’est à Bemidji que nous allons ensuite. L’épisode confirme définitivement un changement de rythme et enchaîne les séquences brèves mais dynamiques. Lester se trouve dans sa cuisine, perdu dans ses pensées, à ressasser les dernières paroles peu aimables de sa femme.
Les mots suivants, sous forme d’une collection d’aimants accrochés au frigo, contrastent violemment avec les réminiscences de Lester : “the key to life is hapiness”

Pourtant, Lester décide de se reprendre en main. Il retourne au travail. Son chef, Bo Munk (ce blaze fantastique…bis) et une collègue lui adresse un accueil compatissant de circonstance. Bo l’envoie ensuite chez la veuve de Sam Hess et l’on retrouve notre Lester national encadré par les deux rejetons Hess — munis d’arbalètes — sur le perron de Gina.
Cette dernière lui sort le grand jeu quand elle comprend que premièrement il vient pour l’assurance — et donc la possibilité pour Gina d’obtenir de l’argent — et deuxièmement qu’il vient lui aussi de perdre sa moitié. Pendant qu’elle chauffe un Lester qui n’est pas insensible à ce petit jeu, Gina révèle qu’elle avait rencontré Sam alors qu’elle était strip-teaseuse à Las Vegas.
Les deux frangins Hess nous livrent alors leur habituel moment de gloire puisque l’un d’entre eux plante un carreau dans les fesses de l’autre. Mais avant de quitter la scène, la caméra s’attarde sur les bosquets du jardin et la présence impromptue de Barbu et Veste à franges au milieu des végétaux. L’essentiel de ce passage est accompagné par ce beau morceau de John Lee Hooker :


Place à un petit intermède succulent ensuite ! Lorne se fournit auprès d’un dealer particulièrement bien achalandé. Il lui achète une dose de cheval d’Adderall mais le dealer lui conseille également un zombie-kit au cas où l’apocalypse des morts-vivants serait imminente… Lorne réplique alors : “it’s already dog-eat-dog, friend. Not sure what worse a bunch of zombies could do.

Molly est toujours à St Paul. Elle profite du déplacement pour retrouver une ancienne copine du Lycée dans un restaurant. Cette dernière lui annonce qu’elle est désormais divorcée et aligne les conquêtes. Son dernier Jules du nom de Roger l’a même emmené à Acapulco. Ce qui s’annonce comme une histoire romantique prend pourtant un tournant glauque inattendu. Le Roger en question y ayant contracté une piqûre d’araignée, laquelle piqûre finira par laisser sortir des bébés arachnides, vous parlez d’une histoire…
Cette visite évoque d’assez près une scène équivalente du film de 1996. Elle est toutefois légèrement changée mais je ne rentrerai pas dans les détails ici pour éviter d’éventuelles révélations. Toutefois, si cela devait en rester là, je ne suis pas convaincu par ce presque-copier-coller. Je trouve l’adaptation très inspirée pour l’instant et cette scène me semble de trop si elle n’a pour simple but que d’installer la parabole de l’araignée.

A Duluth, Lorne s’introduit chez Stavros et remplace ces pilules pour calmer son mal de dos par l’Adderall avant de s’éclipser sans se presser. Stavros qui pensait avoir entendu son chien, le retrouve égorgé devant sa maison et accompagnée d’une nouvelle lettre de chantage.
Mais l’on ne reste pas bien longtemps en compagnie d’un Stavros dévasté par la perte de son clebs. Molly est de retour à Bemidji et la mise en scène se plait à nous rappeler que Barbu et Veste à frange sont toujours en ville !

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Et justement, de Barbu et Veste à franges il est question dans ce qui suit. Lester qui a du mal à soigner sa blessure à la main et le constate dans les toilettes sur son lieu de travail, tombe nez à nez avec le duo improbable en revenant à son bureau.
Contre toute attente, c’est Veste à franges qui ouvre la discussion mais Lester ne comprend pas le langage des signes. Entre temps, Lester apprend que sa voiture se trouve à la fourrière de Duluth. Mais Barbu tient à comprendre quel est le lien entre Sam Hess et Lester qu’ils ont suivi depuis la maison de Gina.
Heureusement pour Lester, Molly fait son entrée, obligeant le duo à s’éclipser. Lester pense qu’elle vient continuer de lui tirer les vers du nez mais Molly prétend plutôt vouloir souscrire à une assurance. Je dis prétend car elle fait malicieusement tomber des documents par terre, incitant Lester à voir la photo prise par les caméras de sécurité qui avait enregistré Lorne lors de son rapt à St Paul. Notre Lester national devient blanc comme un linge et Molly, décidément bien perspicace, n’en perd par une miette !

On retourne à Duluth ensuite avec un Stavros qui commence à surchauffer sous l’effet de son nouveau traitement. Il demande des comptes à Lorne en lui tendant la nouvelle lettre de chantage qui demande cette fois-ci un million de dollars ! Lorne tente alors d’en savoir plus sur ce qui inquiète Stavros mais lui assure que ses secrets sont bien gardés. Lorne demande alors à s’installer auprès de lui et Stavros lui propose de le loger dans une dépendance. Quelque chose nous dit alors que Stavros n’est pas au bout de ses peines et il ne nous faudra pas attendre longtemps pour en avoir la confirmation.

Au commissariat, Gus ne retrouve pas Lorne dans le trombinoscope des malfrats connus. Il se confie à sa fille, Greta, installée à côté de son bureau. Oui, il a fait une erreur en laissant partir cet olibrius l’autre soir. Il lui avoue également que son chef ne veut pas se mouiller et lui a demandé d’appeler Bemidji. Greta conseille alors à son père d’y aller en personne.

A Bemidji justement, Molly montre la photo des caméras de sécurité à Bill. Elle lui raconte alors comment elle a piégé Lester afin de voir si la photo lui parlait, ce qui a été plus que concluant, je vous le rappelle. Et oui, sauf que Bill est un têtu de première qui ne veut rien savoir. Molly n’est dont franchement pas aidée par sa hiérarchie mais, de l’aide, elle va en recevoir par une arrivée inattendue.
Gus débarque à Bemidji avec Greta qu’il abandonne en salle d’attente. Il se pointe à l’accueil en annonçant vouloir parler de Lester et Molly qui était justement dans les parages s’empresse d’écouter ce qu’il a à dire. Une fois de plus, Gus se confie. Il commence par prétendre qu’il a laissé partir Lorne avec un avertissement mais Molly lit dans son regard comme dans de l’eau claire et le pousse à dire ce qu’il a sur le coeur.
Greta fait son entrée en quête d’un peu de monnaie pour le distributeur et, dans un très bel échange de regards — une des plus belles scènes de la série jusqu’ici —, Molly comprend l’hésitation d’un père seul devant le danger que représentait le mystérieux Lorne. Car Molly a tout de suite fait le lien et Gus a confirmé qu’il s’agissait de la même personne que sur la photo des caméras de sécurité.
Le personnage de Gus Grimly a manifestement valeur de pivot pour Fargo, la série. Après avoir fait le mauvais choix, il fait tout son possible pour se rattraper de la manière la plus honnête possible, ce qui contraste fortement avec le parcours de Lester. Cette attitude de Gus est totalement contradictoire avec l’esprit des Coen en cela que le duo de cinéastes se concentrent toujours sur les personnages accablés par leurs mauvais choix. Malgré tout, la direction prise par Gus transcende la série et cela d’autant plus qu’il trouve en Molly une complémentarité lumineuse.

Et puisqu’on parle de Molly, elle les emmène ensuite au restaurant de son père. Lou y confirme avoir été policier, également à Bemidji. En voyant Gus en uniforme des forces de l’odre de Duluth, il évoque la même histoire de Sioux Falls qui semblent être un mauvais souvenir pour tout le monde. Molly commande milkshakes et burgers pour tout le monde avant de répéter l’histoire des araignées.
Pendant ce temps, Lester va trouver son frère et semble tout à coup vouloir s’intéresser aux armes.

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La séquence finale est assez saisissante. Alors que Lorne récite la bible en voix-off (l’éxode 2:5), Lester semble prendre son pied avec la mitrailleuse de guerre de son frère dans une séquence au ralenti à mourir de rire, Barbu et Veste à franges squattent une cabine de pêche sur un lac gelé, Stavros prend une douche dont l’eau vire rapidement au rouge provoquant l’hystérie de ce dernier et Lorne dissimule des bonbonnes de sang de cochon — ceci expliquant cela — dans le coffre de sa voiture.

Pour conclure, je voudrais attirer votre attention sur Allison Tolman ! Le casting exceptionnel comprenant des cadors comme Billy Bob Thornton et Martin Freeman ainsi que d’autre noms moins ronflants mais toujours très appréciés comme Bob Odenkirk ou bien Kate Walsh par exemples, aurait pu être inhibant ou tout du moins faire de l’ombre à une actrice qui tente de percer.
C’est pourtant elle qui est sur toutes les lèvres aujourd’hui. Au delà de son rôle prépondérant, Tolman parvient à étonner avec une justesse désarmante. Cette scène lors de laquelle elle comprend tout du caractère de Grimly est une pépite !

Allez, à suivre….

Quelques observations complémentaires

  • Comme annoncé dans mon billet précédent, c’est Randall Einhorn qui succède à Adam Bernstein derrière la caméra. Einhorn est un habitué d’FX pour laquelle il a réalisé la quasi-intégralité des épisodes de Wilfred par exemple. Mais plus généralement, c’est un spécialiste de la comédie puisque son CV annonce également Nurse Jackie, Parks and Recreation, The Office ou bien It’s Always Sunny in Philadelphia.
    Sa participation n’est pas anodine ! Elle démontre combien les créateurs de la série ne négligent pas le potentiel humoristique de la série.
  • Lorne téléguide désormais le maître chanteur de Stavros. Ce dernier a donc reçu une deuxième lettre anonyme. Le principe de la lettre et sa construction artisanale à base de coupures de lettres est une autre référence à l’autre film très populaire des frères Coen : The Big Lebowski. La somme d’1 million de dollars est désormais la même que dans le film de surcroît.
  • Dans le bureau de Stavros, il y a ce grattoir à givre pour pare brise encadré au mur ! C’est très certainement une référence au Fargo des Coen dans lequel l’objet intervient à plusieurs reprises et notamment lorsque Carl (Steve Buscemi) s’en sert pour marquer l’emplacement de bord de route où il planque une petite fortune ! Se pourrait-il que ce soit là l’origine de la fortune de Stavros ?

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s01e01: The Crocodile Dilemma
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Visuels : Fargo / FX