Tyrant s01e10 “gone fishing”

(FX) saison 1 en dix épisodes –
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Je vous promettais hier une démonstration étalée en une série de textes publiés cette semaine et visant à prouver combien l’été qui se termine aura été très consistant en ce qui concerne le genre sériel. Dans ce but, j’ai logiquement commencé par vous parler de l’excellente The Honourable Woman. Mais cet été possédait également son lot de déceptions et Tyrant est sûrement la plus éclatante d’entre elles ! Avec un contexte situé lui aussi au moyen orient, et quoi qu’il advienne de la série – à l’heure où j’écris ces lignes, nous ne savons pas si la série sera annulée – il faudra tout de même saluer la tentative malgré ses défauts.

Barry ou plutôt Bassam Al Fayeed est un médecin qui mène une vie de famille tout ce qu’il y a de plus normal en Californie. Mais à l’occasion du mariage de son neveu, il accepte de se rendre à Abbudin, un pays (fictif) du moyen-orient dans lequel son père mène une dictature de main de fer. Pourquoi Bassam a t-il fui son pays dans sa jeunesse ? Parviendra t-il à quitter le pays dès le mariage terminé ?

L’histoire de Tyrant est une déroute annoncée. Aux prémisses du projet, nous étions beaucoup à saliver devant l’attelage qui se formait. Gideon Raff (Hatufim, Homeland) avait crée une série qui serait mise en image par Ang Lee. Oui, vous avez bien lu, le cinéaste de Brokeback Mountain y ferait ses débuts pour le petit écran, bref un coup fumant pour FX.

Seulement voilà, Lee et Raff vont quitter le navire qui sera finalement confié aux mains d’Howard Gordon et de David Yates (Harry Potter) pour la réalisation.
Si vous ajoutez à cela, un tournage en Israël qui aura été interrompu (avant de reprendre en Turquie alors qu’il était initialement prévu au Maroc) car rendu impossible suite aux bombardements sur place, et vous obtenez une série qui aura déjà donné plus d’un cheveu blanc aux producteurs.

Pourtant l’idée de départ était séduisante. Il y avait ce cheval de Troie, une famille américaine classique déracinée dans un pays arabe. La possibilité de réfléchir sur la tyrannie et d’évoquer la religion sans qu’elle soit associée à un personnage ambivalent comme Brody dans Homeland.
Malheureusement, Tyrant penche trop rapidement vers le soap et ne parviendra à mettre en place des intrigues politiques qu’après trois épisodes.
Pire, et l’on imagine combien les responsables d’FX doivent ruminer sur ce point, la forme est au mieux d’un statique abrutissant malgré des décors travaillés et un investissement en effets spéciaux conséquent.
Dans un article assez complet du THR (y lire le résumé de tous les déboires de la production), on y apprend comment Yates a semblé désemparé dans sa transition vers la télé. Tyrant devenait ainsi, malgré elle, un exemple emblématique d’un cinéaste échouant à donner une dynamique sur un début de série.

Le casting aura lui aussi concentré les critiques. Le choix d’Adam Rayner – un acteur anglais – pour prendre les traits d’un fils de dirigeant arabe aura achevé de décrédibiliser le projet. Pourtant Rayner ne déméritera pas, comme toutes les actrices et acteurs d’ailleurs. Il faut reconnaître qu’ils n’auront pas eu beaucoup l’occasion de briller.

Avec le recul, j’ai du mal à comprendre comment la série a su garder mon attention si longtemps. Le sursaut politique en milieu de saison ne sera pas parvenu à déclencher un peu de passion.
Quelque part, j’ai sans doute espéré jusqu’au bout d’y trouver une sorte de Borgen du moyen-orient. L’ambition n’aura sûrement jamais été aussi politique que dans la série danoise et cette possibilité, ce fil ténu, m’a maintenu dans l’expectative.

Malgré tout cela, je me refuse à conclure sur une note négative. C’est un échec mais les intentions, celles de créer une série au moyen-orient, sont à encourager. On surveillera notamment avec espoir Dig à venir sur USA network, une collaboration entre le même Gideon Raff et Tim Kring (Heroes).

Visuels : Tyrant / FX

9 commentaires sur « Tyrant s01e10 “gone fishing” »

  1. 100% d’accord. Passé le premier épisode envoûtant, les deux suivants m’ont laissé de glace. L’interprète de Jamal, Ashraf Barhom parlait très très lentement (anglais, pas sa langue première manifestement). Délaissé aussi l’intrigue concernant l’homosexualité du fils de Barry. Et que dire des intrigues politiques ô combien pas subtiles. Pourtant, moi aussi, j’ai suivi la série jusqu’à la fin. Pourquoi? Elle fait changement. Les décors sont exotiques et surtout, il y a une kyrielle de possibilités scénaristiques à envisager. Bien que déçu, je serai au rendez-vous l’an prochain s’il y a suite.

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    1. Oui, tu as raison de le souligner, il y a problème de rythme chez Barhom en début de saison. J’ai tout de même envie de le défendre. Il a une certaine folie qui convient bien au personnage. Je pense qu’il aurait fallu lui donner un peu plus de méfaits pour accentuer son coté obscur.

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  2. Très bonne synthèse. Je garde moi aussi une certaine « tendresse » pour cette série.
    On imagine bien la détresse de l’ensemble de l’équipe devant la caricature que devient presque immédiatement la série.

    Mais tout le monde va au charbon, et il n’y a même pas de happy end artistique . J’espère qu’ils retrouveront tous du bouleau..

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  3. Je suis d’accord avec toi, mais finalement j’ai enchaîné les épisodes sans ennui et j’en garde un bon souvenir. Comme le note JCFD, j’ai été déçue que l’intrigue du fils tombe complètement à l’eau et que finalement en dehors de celles de Barry et de Jamal, on n’ait pas grand chose.
    Mais j’ai quand même aimé cette relation fraternelle bancale et aussi que sur la fin ils ne tombent pas dans la facilité de nous faire « gagner » Barry. Du coup j’ai forcément envie de voir une seconde saison qui connaîtra peut être moins d’embûches et permettra une histoire plus dense… Inch’Allah !

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