Gracepoint s01e01 “episode one”

(Fox) diffusée le jeudi soir – saison 1 prévue en 10 épisodes –

Mais que vois-je ?! David Tennant en flic d’un petit patelin de bord de mer, lequel se trouve endeuillé par le décès d’un garçon au pied d’une falaise. Et puis, ce plombier qui remonte la rue principale en croisant toute une ribambelle d’autochtones… ça me rappelle quelque chose. Bon sang mais c’est bien sûr, Broadchurch, suis-je bête, ou avais-je la tête ?!
Oui, ma bonne dame, mon bon monsieur, nous ne pouvons pas appelez Gracepoint autrement que par un gros mot. J’hésite à l’employer mais il faut appeler un chat un chat : c’est un remake ! Voilà, ça y est, je l’ai dit !
Je ne suis pas un ayatollah du tout pour l’original – j’en connais quelques uns, ils se reconnaîtrons – mais je suis bien obligé de reconnaître que Gracepoint ne va pas faire avancer la cause du remake, loin de là.

“Quand un jeune garçon est retrouvé mort sur une plage idyllique, une enquête de police d’envergure prend place dans la petite ville côtière de Californie du nord où la tragédie vient d’avoir lieu. Très vite classée comme un homicide, l’affaire dresse voisin contre voisin et déclenche une agitation médiatique, qui projette la famille du jeune défunt dans une tourmente plus profonde et bouleverse la vie des habitants du village.”
(Traduction bâclée par mes soins de la présentation officielle)

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J’en parlais à l’occasion de The Bridge – laquelle a récemment été annulée d’ailleurs –, le groupe Shine donne dans le recyclage à outrance. Après avoir réussi à refourguer Bron/Broen à FX (sous le nom de The Bridge donc) et au duo Sky Atlantic/Canal+ (sous le nom de Tunnel), ils sont parvenu à refiler leur bébé Broadchurch à la Fox (sous le nom de Gracepoint, j’espère que vous suivez) et qui sait (pourquoi pas ?!) à France Télévisions pendant qu’on y est ! Enfin, pour en terminer avec leurs faits d’armes, ils ont également revendu notre bien aimée Utopia à HBO, David Fincher serait aux manettes, on l’attend au tournant…

J’avais été plutôt critique avec Broadchurch mais elle avait de beaux atouts à faire valoir. Il y avait ce casting impeccable, un certain sens du suspense même si l’overdose émotionnelle m’avait parue malaisée et une facture remarquable dont le fameux plan séquence du pilote accompagné d’une belle photo.
En partant sur le même point de départ scénaristique, le défi de Gracepoint consistait à faire mieux sur ces détails. Hors ce n’est pas le cas, notamment sur la forme.
Si je parvenais à faire abstraction de l’originale, j’aurais sûrement trouvé l’épisode propre et passe-partout. Mais en ayant la comparaison en tête, il faut bien reconnaître que l’ambiance n’est pas à la hauteur. On a cette impression que le nombre de scène en extérieur a été réduit et la lumière ne passionnera personne.

Côté casting, c’est à deux vitesses ! Il y a un trio qui se détache et qui serait composé du revenant, David Tennant, reprenant son rôle avec une certaine constance. On retrouve Anna Gunn (Breaking Bad) qui parvient à s’apropprier le rôle tenu par Olivia Coleman avec justesse. Enfin, Nick Nolte, toujours impressionnant, est une recrue de choix en second rôle.
Mais pour le reste, c’est assez quelconque ! Les parents de la victime sont tout simplement à des années lumières de leurs équivalents british et c’est aussi le cas pour d’autres personnages clés comme les journalistes, le prêtre ou encore le tueur…

J’ai lu quelque part qu’environ un pourcent du public américain avait eu l’occasion de voir Broadchurch et que, par conséquent, le remake trouvait sa justification pour faire découvrir ce récit signé Chris Chibnall au plus grand nombre. Encore aurait-il fallu retranscrire où tout du moins maintenir un niveau formel équivalent. Ce pilote ne parvenant pas à se mesurer, sur quelque point que ce soit, à son cousin anglais, il en devient parfaitement inutile !

Visuels : Gracepoint / Fox