Intrusion, un clair-obscur éclatant

(ARTE) minisérie en trois parties diffusée le jeudi 28 mai
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En géologie, une intrusion est une roche liquide qui se forme sous la surface de la terre. Le magma est lentement poussé du plus profond jusque dans les fissures et les espaces qu’il peut trouver. Une déformation subséquente peut se produire…
Intrusion, c’est aussi le titre d’une minisérie qui sera diffusée ce jeudi (28 mai) sur ARTE et dont le format (3 parties) est un écho de la remarquable 3 x Manon diffusée l’an dernier. Sombre et parfaitement exécutée, Intrusion nous offre enfin ce geste fantastique qu’on attendait plus sur nos ondes.

Philippe Kessler est un pianiste de talent. Il s’apprête justement à donner une série de concert à l’Opéra National du Rhin de Strasbourg mais cette perspective est loin de le réjouir. Sujet au stress, il succombe à la paranoïa et ne perçoit plus sa musique correctement. Les symptômes culminent avec ce qu’il faut bien qualifier d’hallucinations. La première représentation arrive et Philippe s’effondre sur scène….

Intrusion est une série qu’il est difficile de commenter sans en révéler la teneur. Je vais tenter de me limiter ici à une sobre présentation. Si vous souhaitez la découvrir sans préconceptions, je vous conseille ainsi de ne pas dépasser la première minute de la bande annonce suivante :

Les images sont éloquentes. Sans maniérisme ni effet de manche, la réalisation de Xavier Palud est directe et précise. L’ambiance au clair obscur instaure une atmosphère d’oppression diffuse.
La mise en place de ce projet, comme vous le devinez, repose essentiellement sur les épaules de son acteur principal, Jonathan Zaccaï (Kessler). Sa performance est totale, que le registre soit enlevé ou délicat. Il passe de la maîtrise tout en contrôle du musicien à la folie débordante en passant par une progression bien orchestrée.

Tout cela est au service d’un récit fantastique sans complexe. Il m’est difficile de cacher le plaisir que j’ai eu à suivre ce triptyque dont l’ambition est à comparer avec une série comme Black Mirror.
On doit Intrusion à un trio formé de Quoc Dang Tran, Florent Meyer et Frédéric Azémar. Ce dernier s’explique justement dans un podcast très intéressant (en compagnie de Zaccaï) pour le compte de Pierre Langlais (Télérama). Il y revendique notamment l’influence de Philippe K Dick et défend cette tradition SF qui fonctionne par déviation du réel afin de faire naître une remise en question.

Intrusion n’a pas forcément pour objet d’aller dans cette direction mais sa dualité et cet état en équilibre prolongé qui maintient le téléspectateur dans l’expectative jusqu’au bout, tient précisément de cet héritage.

Il ne vous reste donc plus qu’à réserver votre soirée du jeudi ! Je terminerai en remerciant une nouvelle fois ARTE. Intrusion est une incursion fantastique réussie qui en appelle d’autres… du moins je l’espère !

A noter qu’Intrusion a obtenu le prix de la meilleure série au festival de Luchon !

Visuels & Vidéo : ARTE France / Compagnie des Phares et Balises

3 commentaires sur « Intrusion, un clair-obscur éclatant »

  1. Je n’ai pas du tout compris la fin ?
    Pourquoi la mère ne reconnaît pas son fils ???
    Pourquoi l’effraie t il ?
    Où sont passées les personnages (Jeanne, le petit garçon?)

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    1. J’imagine que différentes interprétations sont possibles. Il y a la direction Schizophrène ou bien une voie plus fantastique qui ferait basculer le héros entre deux « réalités » parallèles.
      Concernant sa mère, l’explication la plus plausible serait qu’après le décès de son fils préféré, elle aurait projeté sur le survivant l’identité de l’autre. Philippe serait en fait Marc et lorsque sa personnalité enfouie refait surface, elle ne le reconnait plus.

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