The Newsroom en a donc terminé avec sa première saison fin août (une seconde est prévue pour l’année prochaine à même époque).
A l’occasion du quatrième épisode, quelque part au milieu d’un premier bilan, je m’interrogeais sur une certaine naïveté de la série ; les principaux personnages à l’origine de la création d’une nouvelle émission d’information du câble prétendait pouvoir se désintéresser des audiences et ignorer tout d’une hiérarchie forcément agacée aux entournures par la folle liberté de leurs ouailles !
Ce double épisode que j’ai trouvé très bon vient remettre tout le monde dans le sens des réalités.
Tout commence par une mauvaise nouvelle que l’on attendait inévitablement : les audiences de l’émission ont brutalement chuté ! Pire, la concurrence s’est imposé en mettant le paquet sur un scandale concernant un membre du congrès qui s’est grillé alors qu’il envoyait des photos suggestives de lui à des femmes sur Twitter ; bref, un sujet de type faits divers que McHale et son équipe ne supporte pas.
Le spectre des audiences revient donc brutalement en ligne de compte et l’on imagine bien qu’après avoir établit de si beaux discours pour définir ce qui constitue l’information sérieuse, il va falloir un levier plus important pour faire avaler ce changement de cap au téléspectateur. Il se trouve que nos journaleux sont ambitieux : ils souhaitent tout bonnement organiser le débat entre les candidats à la primaire républicaine ! D’où le tout nouveau soucis pour les scores d’audiences car vous comprenez bien qu’il faut être crédible auprès de ces messieurs conservateurs…
Sauf que pour ramener les habitués sur leur chaîne, on assiste à un beau rétro-pédalage synchronisé, au grand dam de sa productrice tout de même, qui consiste à mettre en tête de gondole le politicien chaud-lapin imprudent ! En résumé, voilà Skinner et McAvoy, le directeur de l’information et le présentateur, subitement aux ordres du directeur publicitaire (accessoirement fils de la PDG…) dans le but assumé de garder toutes les chances possibles d’organiser le fameux débat.
Ce double retournement de situation est salutaire ! The Newsroom devient plus réaliste et ses personnages moins idéalistes.
Aaron Sorkin en profite aussi pour ridiculiser la teneur du véritable débat. Le projet d’une confrontation des candidats sur de vrais thèmes semble aller de soit et pourtant, on se rend bien compte qu’il n’a aucune chance de voir le jour, aussi bien dans la réalité que dans la fiction.
Un extrait du vrai débat dans lequel on demande à une candidate si elle préfère Elvis ou Johnny Cash enfonce le clou sur l’absurdité et la pauvreté de ce que l’on propose aux téléspectateurs américain pour se faire une opinion…
C’est là tout l’enjeu de la série et sur ce point c’est un franc succès. Bien que la série colle à des faits réels d’un passé proche, l’idéalisme ou la naïveté des personnages servent à dénoncer les failles de la chaîne d’information. Sorkin souhaite ainsi que le téléspectateur s’interroge et puisse remettre en question ce qu’il voit quand on l’informe.
Je ferai un bilan plus général (et sûrement moins admiratif quand à la forme) après avoir vu le dixième et dernier épisode.
Visuel : The Newsroom / HBO