The Bridge s01e04 « Maria of the desert »

(FX) 4 épisodes diffusés sur 13 programmés ; à noter que Bron/Broen l’originale diffusée sur DR1 et SVT1 compte une saison de 10 épisodes (une deuxième est prévue à la rentrée).
the bridge s01e04

Une fois n’est pas coutume et comme j’entrevois de grosses digressions de ma part dans ce qui suit, je vous propose sans transitions d’écouter un peu de musique ! La bande son du générique de The Bridge a été confié à Ryan Bingham. Originaire du Nouveau Mexique, il a passé son enfance au Texas et connait bien l’ambiance frontalière dont il est question ici. Il signe un morceau inspiré que je vous propose d’écouter sans plus attendre :


Il est intéressant de préciser que la carrière de Bingham décolla en 2009 lorsqu’il signa le titre phare de la bande son de Crazy Heart avec un certain T-Bone Burnett. J’en profite pour rebondir sur l’implication de ce dernier dans Nashville. Burnett, véritable caution artistique et accessoirement mari de Callie Khouri (créatrice de la série) à la ville, était crédité comme producteur exécutif lors de la première saison mais n’a pas caché qu’il ne superviserait plus la dimension musicale du drama country. Il nous faudra donc surveiller l’évolution de la série dans ce domaine qui constituait pourtant un indéniable point fort, mais revenons à The Bridge (je vous avais prévenu que je partirais dans tous les sens…)

Vous le savez sûrement déjà, FX nous propose avec The Bridge (voir ma présentation) un remake de la coproduction suédo-danoise Broen/Bron (voir mon texte sur le pilote). On doit cette version originale à Nimbus Film (Danemark) et Filmlance (Suède) qui se trouve faire partie du groupe Shine. Il faut croire que les têtes pensantes de Shine sont plus que très fiers de leur bébé puisqu’ils ont lancé non pas une mais deux adaptations. La première, qui nous intéresse aujourd’hui est assumée par Shine America et FX productions. La deuxième, que l’on devrait découvrir à la rentrée, se nomme Tunnel et se trouve être produite par deux subdivisions du groupe que sont Shine France et Kudos Film & Television pour la partie anglaise. Cette dernière adaptation, comme son nom l’indique, ne débute pas sur un pont mais dans le tunnel sous la Manche et sera diffusée par Canal+ et Sky Atlantic.

Le remake a donc le vent en poupe et ce n’est pas l’actualité qui va le démentir puisque l’on apprenait récemment les intentions de la Fox concernant une reprise de Broadchurch à leur sauce. Ajouté à cela le phénomène du Spinoff qui se porte très bien, merci pour lui, avec des exemples comme The Originals (dérivé de The Vampire Diaries), Flash (qui devrait apparaître dans Arrow avant d’avoir sa propre série) ou bien encore le projet autour du personnage de Saul Goodman dans Breaking Bad qui pourrait connaître d’autres aventures après les ultimes épisodes qui arrivent très bientôt.
Certains sériephiles n’ont donc qu’un pas à franchir pour embrayer sur : « le genre pédale dans la semoule, et ne parvient plus à se renouveler surtout côté US ! » et son corollaire : « l’âge d’or est derrière nous ! », qu’on pourrait finalement résumer par la sempiternelle rengaine du vieux-con : « de mon temps, c’était bien mieux, ma bonne dame ! »

Plus sérieusement, pour avoir débattu sur la question cette semaine via Twitter, le sujet s’annonce vaste ! Le remake est-il condamné, par nature, à n’être qu’une pâle copie qui implique forcément un recul qualitatif ? Son émergence est-il le signe d’un essoufflement créatif ? Et plus généralement, sommes-nous à une époque charnière qui verrait la fin d’une tendance de fond et que John Landgraf (président d’FX) définit récemment comme l’épilogue d’une « course à l’armement nucléaire de la noirceur » ?!
Sans avoir tout cela en tête, je me suis lancé dans un exercice de style, voici déjà quatre semaines, et qui consiste à découvrir Bron dans le même temps que son remake, épisode après épisode, en donnant la priorité à la version scandinave bien sûr ! les durées ne sont pas les mêmes (10×60 minutes environ pour l’originale et 13×45 minutes environ pour la version américano-mexicaine) mais la confrontation est encore plus intéressante que je ne l’espérais.

Commençons par le gros point noir de cette nouvelle version du pont : le duo d’acteurs principaux, Diane Kruger/Demián Bichir est très loin de la performance des Sofia Helin et Kim Bodnia, individuellement et également (pour ne pas dire surtout) en alchimie de couple. Kruger et Bichir ne sont pas mauvais, ils sont même parfois très bons, et pourtant, ils ne semblent pas pouvoir rivaliser avec la désarmante sincérité scandinave.

Côté mise en scène, The Bridge parvient toutefois à équilibrer les débats ! Avec un contraste bien plus intéressant entre El Paso et Ciudad Juárez qu’entre Copenhague et Malmö, le travail de l’image nocturne comme diurne est continuellement soigné là où Bron se distinguait uniquement par jolis plans urbains de transition. La vidéo qui suit permet justement d’évoquer le travail effectué sur la photographie pour The Bridge :


Apparemment, Shine tenait beaucoup à transplanter la série à la frontière entre Detroit et le Canada. De manière évidente, l’ambiance et le climat étaient bien proches de la Suède et du Danemark. La showrunner de la série, Meredith Stiehm, encouragée par Elwood Reid (crédité à la production) et d’autres collègues a réussi à les convaincre qu’il fallait opter pour l’autre possibilité frontalière du pays. Je trouve ce choix ambitieux et beaucoup plus intéressant dans l’optique de pouvoir développer (ou disons plutôt adapter) le volet politique abordé dans l’oeuvre originale.
Après avoir longtemps travaillé sur Cold Case, Stiehm était fortement impliquée sur Homeland. Elle ne cache pas, au sujet de cette dernière, qu’elle n’avait pas prit la peine de découvrir Hatufim (la série israélienne qui lui servit de point de départ). Leur approche est totalement différente sur The Bridge pour laquelle ils se nourrissent très abondemment du matériau original, notamment quand aux relations entre les deux inspecteurs. Ces similitudes sont très déconcertantes pour le spectateur qui a vu la version en date de 2009. Et pourtant je crois qu’il faut pouvoir en faire abstraction et se concentrer sur les différences. Car ce sont elles qui vont inexorablement différencier The bridge de sa parente et permettre à la série de voler de ses propres ailes.

The Bridge (FX) posterComme pour The Killing avant elle, le remake sert de prétexte et lance une autre direction. The Bridge a des armes pour s’affranchir et j’y reviens prochainement pour statuer encore un peu plus objectivement.

Visuels & vidéo : The Bridge / FX
Musique : Ryan Bingham « Until I’m one with you »
(2013 Axster Bingham Rec.)

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