Fargo s01e08 « the heap »

(FX) saison 1 en dix épisodes –
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Il m’arrive qu’on me dise : “oui, mais vous autres sériephiles, vous êtes des blasés !” Sauf que non, la preuve avec cet épisode de Fargo.
“The heap” se permet tout simplement de tirer d’un coup sec le magnifique tapis sur lequel nous rêvassions. Alors que la surprise laisse hébété, qu’en est-il de tout ce qui nous entoure ?! Au diable l’analogie. Je vous dis tout après l’avertissement.

Ce qui suit est un récapitulatif que j’espère le plus complet possible. Il va de soi qu’il contient toutes les révélations possibles de l’épisode. A bon entendeur !

Puisqu’on vous dit que Lester est un nouvel homme, l’ouverture de ce huitième volet se charge justement de nous le rappeler. On ne comprend pas tout de suite quel peut bien être le sens de cette succession de plans, resserrés puis larges, dans une usine. Tout devient pourtant plus clair lorsque l’on devine qu’il s’agit d’une chaîne de montage assemblant des machine à laver !
Lester a décidé de s’en offrir une nouvelle et le livreur va dans son sens : “The T-160 is a real lemon !” Le spectacle de sa nouvelle bécane en action fascine littéralement Lester mais si, par hasard, vous n’auriez pas encore imprimé le message, la suite fera également en sorte de démontrer combien il a changé !
C’est que, voyez-vous, les perspectives ne sont plus les mêmes pour lui. Sa belle soeur, loin de lui en vouloir alors que sa famille a implosé, est séduite par le Lester 2.0. Et il embrasse ce nouvel horizon. Après la machine à laver, il se débarrasse aussi de toutes les affaires de Pearl, y compris sa machine à coudre.

Car, on l’apprend un peu plus tard à l’agence, Lester commande ses costumes par internet dorénavant et si la coupe n’est pas bonne, il n’hésite pas à renvoyer la marchandise, quelle volonté !
Mais quand Gina Hess déboule avec ses deux fils l’instant d’après, un petit doute subsiste. Va t-il à nouveau subir la méchanceté des autres. Gina, dont il avait bassement abusé dans l’épisode précédent tente de l’impressionner, bien secondée par ses deux rejetons. Pourtant Lester réplique en agrafant les deux malotrus et Gina bat en retraite. Lester est aclamé par une collègue énamourée, le téléspectateur ne peut que reconnaître le nouveau statut du vainqueur. CQFD !

Pendant ce temps là, les agents Budge et Pepper sont dans de beaux draps. Leur supérieur n’apprécie pas, mais alors pas du tout le fait que le duo était présent sur les lieux lorsque Lorne décida de refroidir 22 gangsters et qu’ils n’y ont vu que du feu. Les voilà donc assigné aux archives à durée indéterminée. Désabusé, Pepper scotche une photo un peu floue de leur suspect sur un mur de la “file room”.
Leur suspect justement, n’en a pas terminé avec ses méfaits. Il étrangle le policier en faction devant la chambre de Veste à franges et va lui rendre visite. On imagine alors qu’il va également lui régler son compte mais Lorne est décidément un drôle d’animal. Après lui avoir raconté une de ses histoires de prédateur — en l’occurence un ours agonisant — qu’il affectionne, Lorne lui donne la clé, permettant au sourd de se libérer et s’en va comme si de rien n’était. Il a su reconnaître le talent de Barbu et Veste à franges qui était tout prêts de le mettre hors d’état de nuire.

Entre temps, Molly a repris les boulot ! Elle a préparé un schéma complet pour convaincre Bill que Chaz n’explique pas tout. Pourtant, son père l’a mis en garde : “If you think it’s best. The direct approach.” Une nouvelle fois, Bill ne veut rien entendre et n’accepte même pas de l’affecter sur une enquête connectée.
Le soir venu, ses collègues lui ont quand même prévu un beau gâteau avec toping en forme de fusil d’assaut, histoire de fêter son retour. Mais Molly n’est pas à la fête, surtout qu’elle y retrouve Ida — la femme de Vern à qui elle avait promis de coincer le tueur — et elle se résout à lui laisser croire que cette histoire est terminée, bien qu’il n’en soit rien à ses yeux.

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Game-changing !
Le lendemain, Gus lui passe un petit coup de fil alors qu’il tente de flasher les rares véhicules qui passent sur une route déserte. Il a une idée derrière la tête notre Gus. En même temps, on se doutait qu’il ne couvrait pas Molly de bouquets de fleurs juste pour lui souhaiter un bon rétablissement. Et effectivement, il y a un festival traditionnel du côté de Bemidji, nos deux tourtereaux se mettent d’accords pour s’y retrouver.
Tout cela est presque trop beau pour être vrai ! La caméra opère ensuite un traveling latéral, le thème musical dramatique se fait entendre, mon coeur se met à battre un peu trop vite à mon goût, je pressent qu’il va se passer quelque chose de terrible…. et contre toute attente, l’inscription “One year later” apparaît !
Le traveling s’arrête sur un buggy de facteur et c’est Gus qui en sort pour délivrer du courrier.

Nous venons d’assister à un authentique Flashforward Mesdames, Messieurs. A cet instant précis, le choc est tellement violent que je n’ai aucun recul pour estimer la nécessité de ce choix scénaristique. Un constat s’impose, il est totalement imprévu, et donc parfaitement jouissif !
La scène précédente, durant laquelle Gus appelait Molly était d’une lenteur presque exagérée. On le découvrait même se renversant un peu de café à l’entrejambe. Mais une fois le traveling terminé, tout se bouscule dans nos têtes car un an, c’est si prêt et si loin à la fois !

Non seulement Gus est désormais postier, mais il est de surcroit marié à Molly. Greta est là aussi — appelant Molly comme sa mère pour bien renforcer le saut temporel — et, surtout, Molly est enceinte jusqu’aux yeux. On la voit ensuite en tenue de policière et c’est un deuxième choc !
On a pas encore eu le temps de se remettre du Flashforward que la comparaison au film des Coen revient au galop.
Dans le long métrage, Marge Gunderson (l’excellente Frances McDomand) est enceinte, arborant elle aussi cette chemise bouffante de l’escouade de police. Ce rapprochement est tout autant inattendu alors que la série s’était naturellement éloigné de matériau originel (notamment via le parcours de Lester). On devine tout le plaisir que Noah Hawley a du ressentir en imaginant ce parallèle à cet instant précis de la série. Paradoxalement, la surprise qu’il provoque souligne toute la distance prise par rapport au film. J’y reviendrai sûrement mais la gestion des « hommages » au film est décidément très bien pensée.

La suite prend le temps nécessaire pour s’installer avec les personnages et approfondir les changements qui les concernent. Molly est désormais une femme active qui sera bientôt mère mais l’on découvre qu’elle n’a pas oublié l’affaire. Elle a étendu son schéma qui occupe désormais tout un pan de mur d’une pièce de la maison.
Elle garde toutefois cela pour elle et sa relation avec son chef de Bill n’en souffre pas. Ce dernier est tout heureux de lui annoncer qu’il a retrouvé un réfugié qu’il désirait accueillir avec sa femme. Je m’attarde d’ailleurs un peu su cette scène assez touchante car Bill, dont l’oisiveté et la simplicité ont été déformé à outrance, se présente ici avec un coeur gros comme ça. C’est très symptomatique d’une série qui aura su se détacher d’un certain manichéisme pourtant flagrant dans le film des Coen.
Par la suite elle rejoint son mari endormi et déclare sans conviction :
We’re doing good !

Cette résolution sous-jacente pour résoudre l’affaire, elle la partage avec Budge et Pepper. Un an plus tard, le duo du FBI est toujours au placard entouré de cartons d’archives. Pepper semble surtout préoccupé par le menu de la cantine alors que Budge débat sur la signification des choses. Alors que ce dernier fait taper sa balle de tennis sur un tableau d’affichage, la photot de Lorne réapparaît…

Qu’a t-il bien pu devenir un an plus tard ? Le final s’intéresse plutôt à Lester. Le Lester 2.0 a du succès, il est à Las Vegas au bras d’une nouvelle femme (sa collègue qui lui faisait des yeux doux) et il remporte même un prix du meilleur vendeur d’assurances de l’année 2007 ! Son sex appeal est si démesuré qu’il délaisse sa femme pour aller au bar sur les traces d’un groupe de jolies jeunes filles. Il y commande un cocktail en faisant de l’humour avec la barman. Le Lester 2.0 n’est vraiment plus le même ! On le voit déjà séduire la belle qu’il a suivi au bar mais son attention est attiré par les rires émanant d’une autre table. Un homme y commande une bouteille d’eau pétillante et progressivement, le sol s’effondre sous les pieds de Lester, redevenu brutalement friable. Oui, pas de doutes possibles, cet homme à la chevelure désormais argenté n’est autre que Malvo !

Cette séquence finale est brillante en tout point. Le changement d’expression sur le visage de Martin Freeman est spectaculaire. Difficile de ne pas s’y complaire tant son personnage tout en réussite malsaine est devenu détestable.
Le procédé consistant à révéler Lorne est d’un caractère progressif particulièrement réussi. Il en est d’autant plus renforcé par l’ajout d’une nouvelle pépite musicale du compositeur de la série, Jeff Russo. Même s’il ne s’agit pas du morceau en question, je ne résiste pas au plaisir de vous proposer d’écouter son thème principal :


Que va t-il se passer dans les deux derniers épisodes ? J’y vais de quelques théories ci-dessous mais le coup de Trafalgar découvert dans cet épisode m’incite plus que jamais à la prudence. L’épilogue s’annonce bien alléchant !

Quelques théories

  • Le Flashforward change évidemment beaucoup de choses. Pour Budge et Pepper, le long purgatoire aux archives va sans doute aiguiser leur envie d’en découdre avec Lorne. Je suis convaincu qu’il vont se révéler être bien plus qu’un duo de comiques.
  • Malvo a fait preuve d’une mansuétude inattendue envers Veste à franges. Et comme ce dernier est désormais sans emploi, il y a fort à parier que le sourd s’est associé à Malvo !
  • Par contre, Lorne ne sera sûrement pas aussi compréhensif avec Lester. C’est un peu sa créature, mais une créature qui l’a balancé. L’affrontement s’annonce énorme quoi qu’il arrive.
  • L’histoire du réfugié Soudanais est un peu burlesque mais j’y vois un intérêt non négligeable. Tahir raconte en effet avoir fréquenté un Phoenix Farms pendant trois mois. J’y vois une forte probabilité que nous puissions revoir Stavros !

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Théories sans issues

  • Pour l’épisode précédent, j’avais imaginé la rencontre entre Molly et Lester. J’imaginais alors que notre Lester se dégonflerai comme une baudruche en présence de l’adjointe. Il n’en rien été, il lui fait même un salut désinvolte sans lui accorder plus d’attention.
  • Je croyais également que Lorne se retournerait sur Gus qu’il avait un temps en ligne de mire. Le basculement dans le futur et la nouvelle vie de Gus semble éloigner toute possibilité dans ce sens.
  • Enfin — il faut croire que je n’étais vraiment pas inspiré —, je prédisais une issue à Chaz via le possible témoignage de son fils (qui avait aperçu Lester lorsque celui-ci avait piégé sa famille). L’évolution des événements rendent désormais bien peu probable cette thèse.


Autres observations

  • “At least they’re close !” nous dit Kitty au sujet de son mari et de son fils. C’est l’occasion d’un petit point Google Maps, qui vous avait manqué j’en suis sûr !
    Chaz est emprisonné à Faribault et Gordo est en maison de redressement à Red Wing. Les deux bourgades se trouvent effectivement assez proche l’une de l’autre (du moins par rapport à Bemidji) au sud des Twin Cities.
  • A la suite de cet épisode, une intervew téléphonique entre plusieurs organes de presse est Noah Hawley a été organisée afin qu’il puisse défendre le choix de ce flashforward notamment. On y apprend que c’est l’un de ses scénaristes (Steve Blackman) qui en a eu l’idée et qu’Hawley était de prime abord assez dubitatif.
    L’entretien est à lire sur différents sites mais je vous recommande le papier d’Eonline et celui de Chud.

Autres épisodes, autres récaps :
s01e01: The Crocodile Dilemma
s01e02: The Rooster Prince
s01e03: A Muddy Road
s01e04: Eating the Blame
s01e05: The Six Ungraspables
s01e06: Buridan’s Ass
s01e07: Who shaves the Barber?
s01e09: A Fox, A Rabbit and a Cabbage
s01e10: Morton’s Fork

Visuels : Fargo / FX
Musique : thème principal composé par Jeff Russo
(un OST devrait sortir dans le commerce)