Dans le sort de New Amsterdam

À propos de New Amsterdam (NBC) diffusée actuellement sur TF1 le mercredi soir.

Je me suis rendu dans un hôpital, il y a une dizaine de jours. Je ne vous dirais pas lequel. Je ne vous dirai pas pour quelle raison (rien de bien grave…). L’endroit est assez spécial. L’architecture d’un autre temps a sans doute mal vieilli. Le lieu donne l’impression qu’il n’est pas là pour faciliter ses occupants, qu’il leur impose de lutter pour exercer leur métier. les personnels soignants, d’entretiens, les administratifs, tous semblent devoir composer avec un environnement qu’ils subissent. Cela rend leur performance (absolument impeccable en ce qui nous concerne) encore un peu plus extraordinaire et ce dans un contexte de plus en plus délétère.(1)
Le sujet de santé publique est vital (à tous les sens de l’adjectif) et offre par conséquent un enjeu dramatique de choix.

On parle beaucoup de la guerre du streaming, des nouveaux arrivants (Apple et Disney notamment) qui tentent de se mesurer à Netflix. On aurait tort d’en oublier les diffuseurs « traditionnels ». Les networks ont livré une belle rentrée et TF1 nous montre depuis quelques semaines une série médicale intéressante, lancée la saison précédente et nommée New Amsterdam.

Je vous entends déjà me répondre : « ils sont déjà fourni en blouses blanches sur TF1». C’est vrai qu’avec House, Grey’s Anatomy, The Good Doctor (prochainement The Resident) et j’en passe, c’est un peu les spécialistes. Et Pourtant New Amsterdam propose un regard différent. Je n’irai pas jusqu’à vous affirmer qu’elle révolutionne le genre. Le genre en a vu d’autres. Il compte d’illustres références comme Urgences ou bien encore St Elsewhere (2) pour ne citer que ces deux là. Alors, quel est ce regard ?

Pour bien comprendre, il faut évoquer le matériau à l’origine de cette série. Son créateur, David Schulner s’est inspiré des mémoires du docteur Eric Manheimer. (3) Ce dernier y raconte avoir été bombardé chef du médical à l’hôpital Bellevue de New York, le plus ancien établissement public du pays. Il y explique en substance son expérience et sa volonté optimiste de redéfinir le système en assumant même très franchement une certaine naïveté.

one of the things I did was I started walking around with a notebook and taking notes on everything I saw.

Eric Manheimer (Source)

Schulner y voit un angle pertinent alors que l’enjeu des soins de santé est devenu central aux Etats-Unis depuis la dernière élection présidentielle et la remise en question systématique par le clan Trump de l’Obamacare. (4)

Il déploie son drama médical avec un médecin qui reprend le parcours de Manheimer. Max Goodwin (interprété par Ryan Eggold) se fait volontairement page blanche et n’hésite pas à se séparer d’un département complet de chirurgie en raison de leur taux désastreux d’infection et de mortalité post-opératoire. Il se présente à tous les personnels de l’hôpital en déclamant haut et fort un « How can I help? » contagieux. A chaque étage, il remet en question chaque action au regard du soin apporté au patient et de son efficacité.

Au fil des épisodes, les thématiques (immigration, opioïdes, santé carcérale car l’hôpital soigne les prisonniers,…) se succèdent et se confrontent à la réalité sociale d’un établissement public au quotidien. Très rapidement, la volonté de remise en question de Goodwin est confrontée à sa propre perception de la maladie pour compléter la réflexion sur sa démarche.

L’idéalisme de certains cas n’échappe pas à une simplification contestable. (5) Mais, dans l’ensemble, New Amsterdam offre ce pas de côté qui permet de réfléchir aux enjeux hospitalier et d’envisager tous les points de vue dans une narration qui n’est pas uniquement propre au contexte américain.
La vision de multiples séries médicales avait forcément altéré mon regard sur l’univers. L’approche de New Amsterdam le fait de manière encore un peu plus significative !

Pour aller plus loin, je vous recommande le numéro du podcast Serial Causeurs consacré à la série pour un tour d’horizon exhaustif !

Notes :
1 : Je parle ici d’une série américaine mais la réalité du quotidien hospitalier français possède sa référence sérielle. Il s’agit d’Hippocrate à voir chez Canal+ et c’est une réussite à tous les niveaux.
2 : L’occasion de dire que Hôpital St Elsewhere mériterait une rediffusion en bonne et due forme. Un titre emblématique des années 80 produit par MTM que j’aimerais découvrir comme il faut.
3 : Il y un beau portrait de Manheimer dans le New York Times à lire par ici.
4 : L’Affordable Care Act bien décrit dans ce papier de Franceinfo.
5 : le cas d’un enfant surmédicalisé qui trouve presque miraculeusement le salut en arrêtant brutalement ses multiples traitements pose question.

Laisser un commentaire