L’année dernière, j’avais beaucoup soutenu Awake, cette série policière ambitieuse lancée à mi-saison sur NBC (voir mes posts). Jeudi dernier, sur la même chaîne, un certain Hannibal se rappelait à notre bon souvenir ! En plus de partager le même network, de compter 13 épisodes et de se dévoiler sensiblement à la même période (à un mois près), elles ont surtout en commun de débuter par un pilote signé du metteur en scène David Slade.
Je m’attendais donc à un départ visuellement fort et le résultat s’est avéré dépasser mes espérances !
Hannibal Lecter est un personnage que vous connaissez sûrement. C’est une création de l’écrivain Thomas Harris, qui fût longtemps reporter spécialisé dans les affaires de crimes. Il a publié quatre livres autour d’Hannibal, tous adaptés au cinéma, dont Le Silence des Agneaux qui rencontra le succès que l’on connaît.
Je me propose maintenant de vous faire un petit résumé succinct de ces livres. Si vous souhaitez les ignorer pour l’instant, il vous suffit de sauter ce paragraphe.
Dans le premier livre, Dragon Rouge, le profiler Will Graham fait appel à Hannibal Lecter, un tueur en série cannibale qu’il avait capturé, désormais emprisonné, afin de mettre la main sur un autre tueur. Au lieu de collaborer, Lecter indiquera au tueur les coordonnées de Graham qui s’en tirera de justesse, mais défiguré. Dans le second livre, intitulé Le Silence des Agneaux, Clarice Starling, une novice du FBI, est envoyée auprès de Lecter, là encore, pour élucider une série d’enlèvements. Lecter sera plus coopératif sur cette affaire et permettra à la jeune agente de coincer le tueur. Il réussira toutefois à s’évader entre temps. Le troisième livre, sobrement titré Hannibal, se situe 7 ans plus tard. Lecter alors planqué à Florence tente d’échapper à une de ces anciennes victimes, un homme très riche qui utilise Starling comme appât ! Finalement Lecter s’échappe et parvient à séduire Starling, en dégustant du cerveau lobotomisé au passage, si, si. Enfin dans Les Origines du Mal, Harris décrit la jeunesse de Lecter en Lituanie puis pendant la seconde guerre mondiale en tentant d’expliquer comment il est devenu cannibale, notamment en ayant dégusté sa soeur à son insu…
Mais revenons à la série qui nous intéresse ici ! Jack Crawford, un responsable du FBI, parvient à engager Will Graham afin qu’il enquête sur plusieurs disparitions de jeunes femmes. Ce dernier a la particularité de pouvoir ressentir des crimes passés en se rendant sur les lieux. Alors que Graham coince sur l’affaire, Crawford contacte un psychiatre renommé pour assister Graham, et parallèlement gérer son instabilité. Ce psychologue se nomme Hannibal Lecter et va rapidement trouver Graham très intéressant…
C’est Bryan Fuller qui s’est attaqué au fameux cannibale ! Ayant fait ses armes sur une vingtaine d’épisodes de la franchise Star Trek, il s’est ensuite distingué sur Heroes mais on le connaît surtout pour être responsable des marquantes mais relativement courtes Dead Like Me et Pushing Daisies.
Il est intéressant de voir qu’il s’approprie ici une période de la vie d’Hannibal qui n’a pas encore été décrite au milieu d’une vie pourtant bien documentée à l’écrit ou à l’écran. Tout comme Bates Motel, on sent le désir de construire des personnages sur un espace le plus vierge possible au sein d’une entité pourtant très pratiquée.
Ce qui frappe d’entrée après avoir vu ce pilote, c’est que le destin connu des protagonistes et pleinement utilisé dans le cas d’Hannibal alors qu’il est beaucoup plus évacué dans Bates Motel.
Mais le défi principal était de trouver un acteur qui soit à la hauteur du célèbre tueur en série ! La performance de Sir Anthony Hopkins, oscarisé à juste titre pour son rôle dans Le Silence des Agneaux était, forcément, une succession difficile à assumer. Fuller a tout fait pour convaincre l’acteur danois Mads Mikkelsen (La Chasse, Casino Royale) de reprendre le flambeau est il était évident, dès les bandes annonces, que ce serait le bon choix de ce casting.
Autour de lui, deux autres acteurs tirent leur épingle du jeu lors de ce pilote. L’acteur anglais Hugh Dancy est parfait en profiler hyper sensible et Laurence Fishburne apporte également beaucoup de classe (dans un style qui n’est pas sans rappeler son personnage de Morpheus dans Matrix).
Pour compléter ce sérieux trio, on annonce les apparitions prometteuses de Gillian Anderson (The X Files) et Eddie Izzard (The Riches).
J’attendais beaucoup de la réalisation de ce premier épisode et, comme je vous l’annonçais en préambule, je n’ai pas été déçu. L’enjeu était de taille ! Les longs métrages d’Hannibal envoient de bonnes doses de gore et même si NBC programme la série à 22h, il est évident qu’il ne pouvait y avoir autant d’hémoglobine au sein de cette version pour le petit écran (sur un network qui plus est !). Il fallait donc pouvoir se distinguer en créant une atmosphère particulière et en évitant le morbide à outrance (chose assez compliquée puisqu’il est souvent question de tueurs en série).
David Slade (dont je vous conseille vivement le petit bijou Hard Candy) parvient non seulement à construire cet univers formel mais il ajoute à la tension des reconstitution par l’esprit de Graham des approches de scènes de crimes assez sublimes et fascinantes.
Chaque gros plan de personnage, sans exception, est tout simplement magnifique. On ne pouvait souhaiter meilleur écrin à la série pour faire ces débuts.
Il y a toutefois des questions en suspens. Les protagonistes sont bien installés mais ils font face à un grand vide. Bryan Fuller clamait partout qu’il souhaitait s’intéresser à une « Bromance » entre Lecter et Graham. Elle ne semble pas si évidente pour l’instant.
Il faudra également qu’au moins un des deux personnages centraux fassent naître ce petit supplément d’âme qui accélère l’attachement du spectateur auprès d’une série ! Cela pourrait être Mikkelsen qui semble, par exemple, doté d’un peu plus d’humour dans son assiette !
Hannibal fait tout de même sa première victime dès ce pilote et elle se nomme The Following ! Le casting est au moins aussi bon que les Bacon/Purefoy mais la forme est nettement supérieure…
Visuels : Hannibal / NBC
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