(Showtime) une troisième saison est déjà commandée
C’est dimanche dernier que s’achevaient les saisons de Shameless (s03), Californication (s06) et donc de celle qui nous intéresse aujourd’hui : House of Lies (s02). Très rapidement, après trois dimanches pour être précis, la chaîne s’est empressé d’annoncer qu’elle renouvelait ce trio pour des saisons supplémentaires. Cette décision etait assez logique compte tenu du fait qu’elles ont toutes les trois augmenté leurs chiffres par rapport à l’an passé.
House of Lies est sûrement la moins populaire des trois (même si les audiences de Californication lui sont similaires ou inférieures), c’est aussi la plus jeune, et pourtant cette saison 2 était parfaite, la propulsant parmi les tout meilleurs dramedy modernes !
J’ai déjà de nombreuses fois commenté la série dans cette colonne (voir mes posts) mais je souhaiterais tout de même intéresser ici l’amateur qui ne connaîtrait pas encore la série. Aussi voici de quoi il s’agit :
House of Lies est une libre adaptation d’un bouquin que l’on doit justement à un ancien consultant à tout faire d’une des plus grosse société du secteur. il renvoi l’image d’une classe de caméléons nageant aux milieu d’élites économiques complètement éloignées de toute réalité.
Dans la série Marty Kaan (l’excellent Don Cheadle) est un consultant qui enchaîne les succès entouré d’une équipe dévouée et haute en couleurs. Malgré sa réussite et sa position, son parcours s’avère semé d’embûches et cela ne facilite en rien sa vie familiale par ailleurs compliquée…
On pourrait penser que le genre du dramedy est une facilité de showrunner qui ne souhaite pas choisir entre la comédie et le drame. Il n’en est rien ! Parvenir à passer d’une humeur à l’autre et surtout, d’exceller dans les deux directions n’est pas une mince affaire. Il y a d’abord toute la difficulté de faire cohabiter les deux dans un même récit et c’est un écueil sur lequel aura souvent échoué la série durant sa première saison. Ensuite, il est nécessaire d’avoir un casting à même de passer d’un registre à l’autre, et House of Lies peut se vanter d’avoir sa perle rare, Don Cheadle, très justement distingué d’un Golden Globe pour sa performance l’an passé.
Au delà de son personnage au débit de paroles impressionnant (d’autant plus qu’il distille un jargon abscons destiné à endormir le client), Marty existe aussi dans le rôle du père. Son fils (l’impeccable Donis Leonard Jr.), toujours très à l’aise quelle que soit la circonstance, offre un contraste frappant avec lui et affiche parallèlement une fantastique complicité.
Dans cette seconde saison, il apparaît également dans le rôle du fils grâce au regain d’importance de son père. Alors qu’il était beaucoup question de son ex l’an passé, la filiation de père en fils prends nettement plus d’ampleur.
Ce qui m’amène à revenir à ce trio de séries désormais si cher à Showtime et auquel on avait un peu trop vite regroupé sous une même bannière de type comédie aux moeurs sexuels très développés. Hors on s’aperçoit que le vrai sujet de ces trois séries est d’ordre familial. La relation entre Becca et Hank dans Californication agissant même comme un négatif du couple père/fils d’House of Lies.
Et puis la série a la bonne idée de ne pas se reposer uniquement sur son acteur principal ! Cette année, le personnage de Jeannie (Kristen Bell) prend l’importance qu’on lui souhaitait et devrait grandir encore dans l’avenir pour démontrer toute l’absurdité des inégalités entre hommes et femmes dans l’entreprise.
Sans avoir la portée humoristique de Cheadle, Kristen Bell amène beaucoup de classe et une opposition de style qui fait des étincelles depuis le premier épisode.
La série a ses détracteurs. Leurs arguments tournent autour du rocambolesque des situations et d’un cynisme récurrent des personnages. House of Lies se pose pourtant très clairement sur le registre de la satire systématique des élites et autres cadors importants. Il faut croire que la dénonciation de ce gotha complètement déphasé de toute réalité et souvent facile à manipuler ne plaît pas ! C’est pourtant un sujet plus que jamais d’actualité, qui donne toute sa crédibilité à la série.
Cette saison, le quatrième épisode nous brossait un Matt Damon (dans son propre rôle) imbuvable sous toutes les coutures ! Nous y découvrions un acteur, jouant sur sa popularité pour mener les gens qui l’entoure par le bout du nez.
Cette grossière caricature est pourtant si pertinente lorsqu’il missionne Marty pour lui trouver une cause humanitaire, dans une démarche des plus incongrue qu’il soit, sachant toute l’insociabilité du vrai-faux acteur.
Voilà, comme plusieurs autres sériephiles éclairés, je partage le sentiment que l’on ne parle pas assez de cette série hybride et férocement contemporaine qui force le respect ! Sans trop en dire, elle fait de surcroît le choix d’une évolution forte en fin de saison, preuve ultime de l’ambition de ces scénaristes…
Visuels : House of Lies / Showtime