(Sundance) mini-série en 7 parties
Je vous parlais hier de Mad Men et la transition s’impose très facilement puisque l’on retrouve Elisabeth Moss, mais cette fois-ci dans le rôle principal en pleine nature Néo-Zélandaise !
Après avoir vu les sept parties de Top of the Lake, il est temps pour moi d’essayer d’organiser mes sentiments pour vous faire partager un tour d’horizon de ce qui sera sûrement l’une des meilleures si ce n’est LA meilleure minisérie de l’année.
Si vous ne connaissez pas encore cette production que l’on doit à la cinéaste Jane Campion, je vous renvoie naturellement vers ma présentation. Je précise que la suite ne contient aucune révélation…
Avec une histoire de disparition de fille dans une petite ville perdue au milieu d’une nature luxuriante, l’éternelle référence à Twin Peaks refait surface. Pourtant il y a une comparaison plus précise à soulever et c’est à The Killing que j’aurais finalement le plus pensé.
Il y a, en premier lieu, ce rythme très lent, que l’on pourrait qualifier de contemplatif (et que l’on retrouve aussi dans l’autre série actuellement diffusée sur Sundance : Rectify). Mais surtout, c’est une enquête compliqué qui progresse difficilement, poussant l’inspectrice Robin Griffin (tout comme Sarah Linden dans The Killing) dans ses derniers retranchements.
Qu’il pleuve sans arrêt à Seattle ou que le ciel soit dégagé en Nouvelle Zélande, les protagonistes vont progressivement se révéler faibles et sombres. Vous l’avez compris, ces deux séries ont en commun une vision pessimiste qui laissera forcément un certain nombre de spectateurs sur le côté.
Jane Campion s’est souvent penchée sur la relation dominante de l’homme vis à vis de la femme. On parle ainsi de son oeuvre comme ayant trait au féminisme. C’est sans doute un peu plus complexe que cela et Top of the Lake en est la preuve.
Lors des premiers épisodes, j’étais, moi le premier, enclins à stigmatiser un trait grossier qui ne laissait à ces personnages masculins que le mauvais rôle. Mais, par la suite, les lignes se distendent et ce qui paraissait être blanc ou noir ne l’est plus. C’est d’ailleurs à mes yeux l’une des grande réussite de cette mini-série. Les événement se succèdent avec beaucoup de subtilité et d’intelligence. Les rebondissement, aussi étonnants qu’ils puissent paraître, gardent pourtant une authentique simplicité.
Top of the Lake est également une oeuvre magnifiquement bien mise en scène. On aurait tort de résumer la beauté de cette minisérie aux décors Néo-Zélandais. Jane Campion et son compère Garth Davis signent des cadrages sublimes, y compris en intérieur.
On ne peut que se réjouir de voir un tel attelage, exerçant habituellement pour le grand écran, sur une production sérielle. On remarque aussi que l’association entre le rythme lent et cette composition formelle très picturale sont des caractéristiques forte d’un cinéma d’auteur encore à explorer sur la fiction en série. Encore une fois, le rapprochement avec Rectify semble indiquer une démarche forte dans ce sens de la part de la chaîne Sundance et je reviens très vite sur cette série prochainement.
Je terminerai avec Elisabeth Moss ! Sa performance est tout à fait remarquable. Le rôle n’est pourtant pas évident à tenir mais elle parvient à faire oublier son personnage pourtant très emblématique de Peggy dans Mad Men.
Je lui souhaite d’obtenir enfin l’Emmy avec ce rôle (je crois qu’elle a déjà été nominée 4 fois !) car c’est décidément une actrice exceptionnelle.
La critique américaine s’est parfois montrée un peu injuste avec cette minisérie. Il y a une raison principale à cela : Jane Campion laisse volontairement plusieurs questions en suspens. Si le procédé est fréquent au cinéma, faut croire qu’il dérange sur ce format. Pour ma part, je crois sincèrement que Top of the Lake est un petit bijou que vous auriez tort d’ignorer !
Visuels : Top of the Lake / Sundance