(Starz) série annulée après 2 saisons et 16 épisodes –
En terminant cet épisode sur le No use crying de Ray Charles, on devine que Mitch Glazer, créateur et showrunner de sa Magic City, avait anticipé une fin définitive. La nouvelle annonçant que Starz ne reconduirait pas est tombée quelques jours avant la diffusion de ce dernier épisode, début août, mais la propension plus que précoce de la chaîne à annoncer ses renouvellement laissait présager cette issue bien avant.
Le sériephile, dans tout son illogisme, se trouve parfois confronté à une série pour laquelle il additionne les reproches durant sa diffusion et revient sur son avis, à la faveur il est vrai d’un final réussi, alors qu’elle n’est plus ! Par conséquent, je voudrais essayer modestement, dans ce qui suit, de lui rendre un hommage mérité. Il faut voir au delà de cette fin haletante et décrire pourquoi Magic City mérite une bonne place au panthéon des dramas d’époque.
En relisant mes précédentes notes sur la série, il y a un point sur lequel j’ai toujours été constant : son impeccable reconstitution ! Sans posséder la démesure d’un Boardwalk Empire et son gigantesque front de mer reconstitué en studio à Brooklyn, Magic City pouvait se vanter d’avoir de vastes lieux (le lobby du Miramar par exemple bien sûr) aussi luxueux que précis dans les détails, lui conférant ainsi et à juste titre la crédibilité de son adjectif « Magic ».
Pour prendre la mesure du travail effectué sur ces décors, il vous suffit (même si sous connaissez déjà bien la série) de parcourir ce diaporama des principaux lieux construits de toutes pièces, sur le site de l’Architectural Digest.
Magic City profitait également de certains quartiers de Miami, presque inchangés depuis la fin des années 50 et qui permettaient aux nombreuses scènes d’extérieurs d’avoir une ampleur exceptionnelle pour un projet de ce genre.
Pour la touche finale enfin, citons l’incroyable collection de voitures, toutes plus rutilantes les unes que les autres, qui resteront comme l’une des marques de fabrique de la série.
Au centre du récit, il y a cette rivalité entre Ike Evans et Ben Diamond. Deux excellents acteurs étaient chargés de lui donner vie. Si Danny Huston dans le rôle de Ben « le boucher » aura tenu toutes ses promesses, il aura fallu attendre bien plus longtemps pour voir Jeffrey Dean Morgan (Evans) poussé dans ses retranchements.
Longtemps, on aura pensé à l’aveuglement d’un Glazer obsédé par le respect d’une époque qu’il avait connu gamin (tout comme son personnage d’Ike Evans, il a travaillé comme cabana boy à Miami). La perfection qu’il affichait dans la mise en place se faisant au détriment du volet purement dramatique de son scénario.
Avec un peu plus de recul, je crois surtout qu’il n’aura pas su concilier les deux directions importantes de la série, le volet familial et le volet mafieux, notamment durant la première saison. Il est intéressant de voir que l’emballement final, net point culminant de la série, lui a peut être été imposé ! En effet alors même que le pilote n’avait pas encore été diffusé (la chaîne est coutumière du procédé, cela permet de vendre la série à l’étranger en certifiant deux saisons au lieu d’une), Starz avait annoncé une commande de dix épisodes (soit 2 de plus que la première) pour la saison 2 mais lors du renouvellement officiel, et sans doute échaudés par les audiences ordinaires des huit premières installations, les responsables de la chaîne n’en confirmaient plus que 8. Cette soustraction de deux épisodes aura sant doute conduit Glazer à revoir ses projets, provoquant ainsi un final dense et passionnant !
Les quatre derniers épisodes auront été l’occasion d’imbriquer toutes les trames. Que cela soit le vote pour légaliser le jeu, la diaspora cubaine, le parcours tortueux des deux fils antagonistes d’Ike, le triangle amoureux avec sa femme et Meg et puis surtout, la chute de Diamond.
Cette orchestration, d’autant plus inatendue que l’encéphalograme était désespérement plat jusqu’ici, tient du tour de force et parvenait enfin à sublimer des acteurs souvents trop tiède jusqu’ici, Dean Morgan en tête mais surtout ces deux fils, interprétés par Steven Strait (Stevie) et Christian Cook (Danny), qui, en perdant leur manichéisme primaire, devenaient presque brutalement magnifiques…
Alors pourquoi arrêter cette machine qui semblait enfin ronronner ? pourquoi décapiter ce corps auparavant sans âme qui parvenait enfin à nous ensorceler ?!
C’est toute l’absurdité de ce business. Quand bien même c’est le Chris Albrecht des grandes années HBO qui s’assoit en tête de table des responsables de Starz, Magic City n’aura jamais déplacé les foules et la prolonger aurait été surprenant.
En allant plus loin, il n’est pas difficile de deviner la stratégie de la chaîne. Après avoir déjà annulé Boss, la direction des programmes se dirige presque uniquement vers le spectaculaire. Entre le Da Vinci’s Demons de David Goyer, Black Sails de Michael Bay et le futur Outlander de Ronald D. Moore, Starz se concentre manifestement sur la veine blockbuster.
Comme pour Boss, les rumeurs vont bon train mais contrairement à la série de Kelsey Grammer (dont on prédisait éventuellement un film ou une prolongation de quelques épisodes), elles envoient Magic City sur un autre network…
Sans attendre quoi que ce soit dans cette voie, je me réjouis de ce final brillant, qui constitue de plus une fin très honorable !
Visuels : Magic City / Media Talent / South Beach Prod. / Starz
J’ai été complètement fascinée par la saison 1 mais j’ai trouvé le début de la 2 beaucoup trop poussif et j’ai fini par lâcher l’affaire ! Je laisserai décanter et reprendrai peut être dans quelques temps, mais c’est clairement une série à l’esthétique parfaite !
J’aimeJ’aime
J’étais très déçu au debut cette saison 2 également ! ça devient vraiment bon à partir du 2.05…
J’aimeJ’aime
Salut Yann, ça faisait longtemps, et, je crois que je viens écrire à chaque fois que je suis abasourdi par une très bonne série qui s’arrête…Starz devrait changer de tactique…après l’excellent BOSS c’est donc au tour de Magic City…franchement je n’arrive pas à comprendre le goût des gens quand je vois les séries à deux balles qui restent des saisons qui durent une vie !!!
On ne cherche vraiment plus la qualité artistique dans ce monde mais bel et bien les cerveaux léger qui seront au rendez vous pour une belle audience devant une série d’expert…!!..
J’aimeJ’aime
Je ne pouvais pas être plus en accord avec toi ! Starz, c’est un peu ma bête noire actuellement. Leur virage spectaculaire me déçoit… Je n’ai pas été emballé par Black Sails :
https://blogseriestele.wordpress.com/2014/01/28/black-sails-s01e01-starz-ocs-max-michael-bay/
et je ne me suis toujours pas remis de l’annulation de Boss…
J’aimeJ’aime
Tout à fait d’accord Yann…J’ai aussi beaucoup de mal, à comprendre encore aujourd’hui l’arrêt de Boss car House of Card ne me donne pas la hauteur de satisfaction de Boss !!
Et d’accord aussi pour Black Sails…dès le 1er épisode, j’arrête, ça ne va pas m’intéresser…
Et Franchement Magic City détenait un sujet et une époque qui pouvait faire rêver !
Je profite de ce post pour passer sur un autre sujet…Je suis franchement déçu de la 3ème Saison d’Américan Horror Stories…Je n’ai pas lu ton avis, mais les histoires d’ados qui se font peur me fatiguent un peu, je ne croyais pas qu’un jour j’en viendrai à dire du mal de cette série, mais je crois que je vais donner une dernière chance au début de la 4 et j’ai beaucoup de mal à regarder les derniers de la 3 !!
Et je le dis haut et fort je ne suis pas fan de cette chaîne Starz qui arrête de bonnes séries sans regarder la qualité de celle ci…
Ah Audience quand tu nous tiens !!!
J’aimeJ’aime
Pour AHS, nous en sommes quelque part en saison 2 (on regarde ça très occasionnellement…).
Tu n’es pas le premier que j’entends dire sa déception vis à vis de la saison 3 bien que les audiences aient été plutôt fortes. Reste que l’avantage du mode de l’anthologie, c’est que la saison prochaine sera complètement différente et que cela pourrait rebondir pour toi qui sait ;o)
J’aimeJ’aime