(NBC) une saison 2 (de 13 épisodes également) est prévue –
C’est donc ce samedi que Canal Plus lance sa chaîne consacrée aux séries et c’est un certain Hannibal qui sert de tête de gondole à ce lancement ! Au delà du symbole, cela représente bien la vocation de la série, à la fois pointue et sans doute pas assez accessible pour le prime time de la chaîne principale.
Malgré la popularité du personnage, les aventures d’Hannibal qu’elle soient comptées par son créateur Thomas Harris ou via les différentes adaptations au cinéma, ne sont pas de nature à séduire tous les publics. Il était donc justifié de s’interroger sur la teneur d’une transposition du fameux tueur en série dans le cadre d’un network comme NBC. Le résultat, ambitieux à tout point de vue, est pourtant fascinant. Sommes-nous alors en présence d’une anomalie ou bien faut-il voir en Hannibal la première pierre d’une nouvelle ère qui verrait les networks s’approprier une certaine façon de faire jusqu’ici réservée au câble ?
Mais avant de laisser libre court à ma pensée, je vous rappelle que si vous n’avez pas encore vu Hannibal, il serait plus judicieux de lire ce que je raconte dans cette présentation et dans une note un peu plus longue à l’occasion de la diffusion du pilote. Par contre, si vous avez vu la série, je me permet de vous conseiller mon commentaire sur l’annulation du fameux épisode 4 ainsi que sur l’annonce du renouvellement.
J’ai souvent eu l’occasion de dire du bien concernant le travail de David Slade. Déjà très en verve sur la même chaîne l’an passé à la réalisation du pilote d’Awake, il est allé encore plus loin cette année avec Hannibal, façonnant au passage une esthétique sublime. S’il ne signe que le pilote et l’épisode final, son chef opérateur (James Hawkinson) se chargea d’assurer la continuité (il est lui crédité sur 11 épisodes).
En mettre plein la vue, c’est bien joli mais encore fallait-il que cela serve le propos. Hors c’est justement le gros point fort de cette saison ! On assiste au lent basculement d’un être pourtant très intelligent et doué de facultés de déduction hors norme, vers un état de démence manifeste. La description visuelle de cette évolution est si magistrale qu’il y aura désormais un avant et un après Hannibal dans l’historique de la représentation à l’écran de la folie !
En s’attaquant au mammouth, Bryan Fuller (Dead Like Me, Pushing Daisies) s’est emparé des personnages, non pas pour faire un remake ou une adaptation, mais pour y créer son histoire ! Dans Dragon Rouge, le premier roman d’Harris sur Lecter, quelques brefs éléments seulement abordent la période choisie par Fuller. Il se permet ensuite de transformer le très calculateur (et somme toute assez fade) Will Graham en un personnage torturé, solitaire et instable.
Cette première saison recèle également un autre choix fort de la part de son showrunner. Il fait délibérément le choix de placer Hannibal en retrait ! Ce dernier est introduit par le regard de Graham, en respectable psychiatre. Au cours de la saison, nous n’aurons pas l’occasion de voir ses méfaits et c’est une petite révolution pour un thriller qui le met habituellement en avant. En fait tout se passe comme si les rôles étaient inversés, avec en fil rouge, le souhait de voir les téléspectateurs s’approprier le personnage d’Hannibal comme étant le point de repère moral.
Au second plan, on assiste à une vraie réflexion sur l’identité et une mise en abîme de la consultation psychologique, Hannibal étant lui-même le patient d’une autre thérapeute (Gillian Anderson toujours parfaite).
Fuller n’escamote pas pour autant les codes du policier et je serai même tenté de dire qu’il s’empare de belle manière d’un aréopage d’ experts (légistes, balistiques et autres) pour créer des enquêtes unitaires jamais banales.
Oui, Hannibal adopte un format de saison sur 13 épisodes que l’on pratique plutôt sur le câble, et oui, Hannibal est magnifiquement exécutée avec une ambition formelle digne du… câble mais je crois que c’est surtout pour son casting que l’on peut faire la comparaison ! Il faut dire que le format réduit à 13 épisodes permet aux acteurs qui enchaînent parallèlement des rôles au cinéma de se ménager du temps libre qu’ils n’auraient pas eu pour une série de network traditionnelle autour de 20 épisodes et plus.
La relation entre Mads Mikkelsen (Lecter) et Hugh Dancy (Graham) est de celle qui porte une série. Mikkelsen possède ce physique et une présence d’emblée intimidante qui convient parfaitement au rôle. Son élocution régulière est tout à fait ensorcelante. Dancy a, pour sa part, un registre plus ample à étaler dans cette première saison. Avec beaucoup de jeu sans paroles, il est parfois bouleversant et trouve beaucoup de force dans sa complémentarité avec Mikkelsen justement. L’histoire de ce couple, à laquelle Fuller tenait beaucoup, aurait pu être approfondie mais leur performance méritait sans doute mieux que d’être ignorés aux Emmys.
Il faut reconnaître que les audiences n’ont pas été brillantes. Même si la Gaumont et AXN (Sony) ont bien vendu la série à l’international, on ne peut pas parler d’un succès public. Le modèle du câble est-il alors viable sur network ?
Je pense que oui ! Il me semble que l’intérêt des networks est de proposer une programmation à l’instar d’une HBO qui n’hésite pas à maintenir certaines œuvres en mal d’audiences car elles véhiculent une image de marque, et ce à travers des acteurs, créateurs et titres prestigieux.
Il est encore trop tôt pour prédire une réelle évolution mais des projets comme The Following sur la Fox et Hostages sur CBS s’inscrivent clairement dans ce schéma.
Voilà, vous l’avez compris, je ne pense que du bien d’Hannibal ! Bryan Fuller aurait un plan de route sur sept saisons et j’espère désormais qu’il aura l’occasion de nous étonner aussi loin.
Visuels : Hannibal / Gaumont / AXN / Living Dead Guy / NBC
Je plussoie et moi aussi espère bien que la série va conserver sa grande qualité pendant autant de temps !
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