The cops, crooks, slingers, and slayers who changed tv drama forever
par Alan Sepinwall (auto-publié / deuxième édition chez Touchstone) –
Le récent décès de James Gandolfini a relancé une partie de la critique sériephile sur le thème nostalgique de l’âge d’or ! Avec les Sopranos, HBO amorçait une nouvelle ère du petit écran et certain n’hésite pas à s’enfalmmer en disant que cette période est révolue – le débat se poursuit avec la fin des aventures de Walter White et devrait revenir en force lorsqu’il sera question des derniers soubresauts de Don Draper.
Même s’il n’en fait pas mention dans son titre (ni dans son sous-titre pourtant très long), les défenseurs de « l’âge d’or » cite parfois cet ouvrage d’Alan Sepinwall pour appuyer leurs dires. Au delà de cette question, j’étais très curieux de lire l’un des critiques (si ce n’est LE critique) les plus prestigieux spécialisé sur la chose sérielle.
Alan Sepinwall commence à écrire sur le sujet alors qu’il étudie à l’université de Pennsylvanie (Philadelphie). Il est alors incollable sur NYPD Blue et publie ses critiques sur newsgroup. Ces textes lui permettront ensuite de devenir journaliste au Star-Ledger de Newark où il fera les beaux jours de la colonne télévision durant 14 ans. Aujourd’hui (depuis 2010), il écrit pour la plateforme Hitfix.com et participe à des podcasts.
Au cours de ces années, Sepinwall a obtenu la reconnaissance de ses pères pour la qualité de ces récapitulatifs ! L’exercice de style, très apprécié outre-atlantique, n’a pas de secret pour lui. Au final il aura été un des témoins privilégié de l’émergence du drama moderne.
Dans cet essai, Sepinwall s’intéresse à 12 séries qu’il décrit méticuleusement. Des Sopranos en passant par Buffy contre les vampires et jusqu’à Breaking Bad, il s’octroie un spectre d’étude large et avance avec le recul nécessaire pour réaliser un tour très complet de l’époque.
On aborde pas de la même manière la lecture de chaque chapitre et c’est tout à fait naturel car les séries évoquées ne nous intérressent pas avec la même force. Pourtant, il réalise, pour chacune, une description fantastique de détails quand à l’émergence de chaque projet. Son texte très documenté nous permet de comprendre quelles motivations et quel contexte surtout ont poussé les intervenants concernés à mener à bien ces séries phares.
La génèse de Lost est à ce titre un passage hallucinant de son récit ! On y apprend que la série est d’abord une idée d’un responsable de la chaîne qui sera viré avant que la série ne parviennent à l’écran, que le premier scénariste à travailler sur le sujet a lui aussi été viré, que les deux créateurs suivants auront travaillé au pas de course, avec des délais ridiculement courts, et que l’un d’entre eux abandonnera le projet juste après en avoir terminé avec le pilote !
Malgré tout cela et la conviction tenace de tous les participants qui pensaient que la série allait se crasher (c’est le cas de le dire !), ce fût un gros succès et Sepinwall commente tout cela avec justesse en soulignant le travail de perssonnalités clés (Lloyd Braun en l’occurence).
Quelques chapitres plus tôt, on comprend que la sacro-sainte Writer’s Room fonctionne de manière très différente suivant les projets. Le mode opératoire de David Milch sur Deadwood est très détaillé et l’on pourrait résumer son approche à une improvisation forcée.
Milch se retrouvrait très vite en retard sur ces scripts et cela prenait des proportions telles qu’il en arrivait à écrire sur le lieu de tournage, dictant parfois son texte aux acteurs !
Sepinwall lui demande alors comment se fait-il que le casting lui fasse confiance avec un tel mode opératoire et voici ce que Milch lui répond :
« Because the pages were good, » he says, « and because I was on the set with them trying. I don’t think they ever sense that I was being manipulative or holding back, or anything of the sort. When they had doubts, we talked about them. And a lot of times, their doubts clarified my thinking. »
On imagine alors que cette façon de faire n’aura pas du tout été du goût d’un Michael Mann sur Luck par exemple…
Si l’on se penche sur l’ensemble du livre, il est difficile de ne pas y voir une suite d’annecdotes. Il y a bien sûr de nombreuses passerelles et chaque série se voit connectée avec pléthore de références comme il se doit mais il n’y pas de réflexions thématiques pour les relier.
Il emploie à deux ou trois reprises le terme « d’âge d’or » mais sans le définir ni argumenter sur sa valeur historique.
Plus généralement, La démarche de Sepinwall se veut en cela (et c’est peut être involontaire) beaucoup plus neutre. Il adopte un rôle d’observateur très journalistique et s’y tient.
Il ne fait pas voir The revolution was televised pour ce qu’il n’est pas, à savoir une réflexion sur un ensemble d’oeuvre dans le but de dégager des vecteurs communs (le Difficult Men de Brett Martin que je suis en train de lire est plus dans cet objectif). Mais Alan Sepinwall est une encyclopédie et il raviera tout sériephile en mal de détails significatifs.
Visuel d’ouverture : Alan Sepinwall / Salon.com
P.S. : Le titre du livre est une idée de Ted Griffin (The Shield, Terriers) et fait très certainement référence au classique du défunt Gil Scott-Heron « The revolution will not be televised » à écouter ici pour les curieux ;o)
Quelques petites lectures s’annoncent! Merci pour cet article, je suis toujours extrêmement fan des articles sur les entrailles des séries télévisées et du mode de travail des showrunners. La petite anecdote sur David Milch confirme à quel point j’adore ce scénariste ❤
Si tu as d'autres lectures de références sur les séries, je suis preneuse ! *noob*
J’aimeJ’aime
Actuellement, je lis le Brett Martin que j’ai cité plus haut. C’est proche mais plus détaillé (pour moins de série étudiées).
J’aimeJ’aime