(HBO) le huitième et dernier épisode de la saison sera diffusé dimanche 9 –
Imaginez ces quelques lignes comme une bande annonce ! Une bande annonce pour un bilan désormais inéluctable qui viendra trouver place dans cette colonne afin de définir en quoi True Detective est un choc !
La saison 1 — comment imaginer qu’il pourrait ne pas y en avoir une deuxième ? — se terminera dimanche et il faudra alors trouver les mots pour dire tout le tumulte qu’elle a provoqué. Je vous avoue que la tâche me réjouit et me fait peur en même temps.
Mais aujourd’hui, c’est vendredi et c’est dans un style plus léger que je vais aborder la série pour évoquer sa musique. Car oui, en plus de faire le reste avec maestria, l’utilisation sonore est elle aussi remarquable. J’avais de nombreuses possibilité pour illustrer cette chronique musicale — je pense notamment à Steve Earle (s01e02) ou bien les Bosnian Raimbows (s01e05) — mais j’ai retenu le titre qui clôture le dernier épisode :
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Avouez que la voix de Townes Van Zandt donne des frissons. Ce “Lungs” prend progressivement possession de la bande son alors que l’on vient de découvrir un inquiétant personnage motorisé. La caméra prend alors du recul et de la hauteur, surplombant un cimetière puis s’attardant sur une trouée dans la végétation qui nous permet de distinguer une embarcation voguant sur un fleuve.
Le temps de ce mouvement de caméra a suffit pour instiller le chant de TVZ au plus profond de notre sens auditif !
John Townes Van Zandt est un chanteur méconnu. Une sorte de chaînon manquant entre Hank Williams et Bob Dylan. Si ce dernier est son contemporain, il admire toutefois Van Zandt et n’hésite pas à le mettre en avant régulièrement.
Né dans une riche famille texane, il aurait pu faire fortune dans l’industrie pétrolière. Oui mais seulement voilà, les choses de la vie ne l’auront pas gâté. Diagnostiqué bipolaire dans sa jeunesse on lui administre un traitement du nom de Cure de Sakel qui consiste à provoquer des phases de coma par injections d’insuline. Il y perdra une bonne partie de sa mémoire à long-terme.
Dès l’université, Townes Van Zandt est un écorché-vif. Il enchaîne les dépressions et sombre dans l’alcoolisme. Plus tard l’héroïne trouvera également chez lui une terre d’accueil bienveillante.
Pour couronner le tout, TVZ ne rencontrera jamais vraiment le succès. Jusqu’au bout, ces efforts auprès des labels seront laborieux, il fréquentera tous les bouges du midwest américain pour tenter de divertir un public qui ignorait tout de son style poétique aux arrangements minimaux — souvent muni d’une simple guitare sèche — et si ses textes parvenaient enfin à devenir des tubes, ce sera uniquement par la grâce d’autres artistes (Emmylou Harris, Willie Nelson…).
Salvation sat and crossed herself
Called the devil partner
Wisdom burned upon a shelf
Who’ll kill the raging cancer
Seal the river at its mouth
Take the water prisoner
Fill the sky with screams and cries
Bathe in fiery answers
Lungs par Townes Van Zandt
Sa musique, à l’image de sa vie durant laquelle il ne manquait pas une occasion de se tirer une balle dans le pied, est donc fortement appropriée pour True Detective.
C’est à T-Bone Burnett (Walk the Line, Crazy Heart, Inside Llewyn Davis) que l’on doit la plupart des choix musicaux sur la série. Cela en fait un superviseur musical de luxe et j’en profite pour vous conseiller l’interview de PJ Bloom pour le Daily mars (Neophonic, sa société spécialisée en supervision travaille d’ailleurs souvent pour HBO).
Et puisque j’en suis aux lectures intéressantes, je vous recommande vivement — si l’anglais ne vous fait pas peur — un décryptage complet du générique de la série sur le site spécialisé Art of the Title.
Ce générique est accompagné par The Handsome Family (Far from any road) que je ne peux m’empêcher de fredonner en même temps que le duo, les Sparks (mari et femme pour l’anecdote).
Je n’en dis pas plus ! True Detective fera définitivement l’objet, vous l’avez compris, d’un tour d’horizon dans un proche avenir ici même. Stay tuned…
Visuel : True Detective / HBO
Musique : Townes Van Zandt “Lungs” (1969 Poppy Rec., Tomato)
Très très hâte d’une part de voir ce dernier épisode (très certainement ce soir) et de lire ton article sur la série ! 😉
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