The Honourable Woman s01e01 “the empty chair”

(BBC Two / SundanceTV) minisérie en huit parties –
The Honourable Woman

Le proche orient est au coeur de l’actualité ces jours-ci. L’exemple de Tyrant* — diffusée actuellement sur FX — démontre combien il est compliqué d’en faire un décor de série, du moins pour les occidentaux.
C’est pourtant le sujet de The Honourable Woman, une minisérie du duo BBC/SundanceTV en huit parties qui confirme avec force tout le talent de son créateur, l’anglais Hugo Blick (The Shadow Line).

Avant de vous présenter la série plus en détails, je vous propose d’écouter la voix de Thom Yorke :


C’est le compositeur anglais Martin Phipps qui se charge de la bande son originale et le résultat est d’ores et déjà sublime. Quelque part au milieu de l’épisode, il y a également ce “How to desappear completely” des Radiohead que l’on écoute presque en intégralité. Durant l’une de ces mises en parallèles inspirées entre les deux personnages principaux, la mélodie très progressive du morceau prend possession de la scène et accompagne idéalement sa teneur très mélancolique.

On ne présente plus vraiment Radiohead. Ce titre fait partie de Kid A, leur quatrième opus publié en 2000. OK Computer, leur précédent disque propulse le groupe vers la notoriété dès 1997. Pourtant le groupe vit mal ce succès et envisage même la dissolution.
Thom Yorke et ses compère trouvent finalement l’inspiration en redoublant leurs expérimentations. Kid A est un disque hétéroclite, presque une bande originale de film qui évolue entre calme et envolées. Pendant sa conception, les membres du groupe on lu le No Logo de Naomi Klein et entreprennent alors une démarche pleinement indépendante qui constitue une composante principale de leur ADN actuel. Rétrospectivement, il ne fait plus aucun doute que ce disque fait office de pivot dans leur carrière.

Une succession pas simple à assumer
L’an passé, SundanceTV et la BBC — en compagnie de UKTV, une filiale de la BBC basée en Australie et en Nouvelle Zélande — nous avait proposé Top of the Lake. Cette minisérie de Jane Campion avec Elisabeth Moss (Mad Men) et diffusée en novembre dernier sur Arte était un petit bijou !
Cette année, le duo de diffuseurs remet ça pour une production plus ancrée côté anglais mais toujours centrée sur une actrice américaine, en l’occurrence Maggie Gyllenhaal. Sur le papier, le défi est de taille pour l’actrice. Elle doit assumer la comparaison avec Moss. Si elle a déjà officié pour le petit écran, c’est sa première tentative sur un format long. Et puis, c’est un écueil toujours redouté, il lui fallait être performante avec un accent anglais !
Il est sans doute encore trop tôt pour se prononcer — j’écris ces lignes après n’avoir vu que le premier épisode — mais son interprétation d’une femme de pouvoir résolue ne laisse pas indifférent. En ce qui concerne la maîtrise de l’accent, je ne suis pas un expert mais la presse anglaise est enthousiaste, c’est dire si la performance est notable.


De quoi s’agit-il ?
La série débute par une scène d’enfance alors qu’une jeune fille est témoin, en compagnie de son frère, de l’assassinat de son père, rattrapé par son activité de marchand d’armes. De nos jours et désormais à la tête de la société familiale, Nessa Stein (Gyllenhaal) vient tout juste d’être anoblie.
Lors d’un discours, elle insiste sur la vocation philanthropique de sa fondation et annonce sa préférence pour un sous-traitant palestinien. Mais le représentant en question vient de se pendre et le thriller peut commencer…

“I have a lifelong interest in the region, it is a cauldron of human identity, and it’s this turbulence reflected in the character of Nessa Stein that I wanted to explore. […] Drama and entertainment in general should never shy away from difficult subjects, emotionally charged issues or complex themes.” Hugo Blick (source : BBC)

Paradoxalement, le sujet renforce la série. Il n’est pas question ici d’établir une prise de position dans le conflit. Stein est une binationale (Anglo-Israëlienne) qui fait des choix sûrs et difficiles dans le but de faciliter une éventuelle réconciliation.
Lorsqu’on l’interpelle sur son personnage principal qui représente fatalement Israël. Blick souligne la présence de la talentueuse Lubna Azabal (Paradise Now) pour témoigner de l’équilibre de son récit.

La Taupe
Blick m’avait subjugué avec The Shadow Line (diffusée en 2011 sur la BBC). The Honourable Woman emprunte la même structure du thriller à plusieurs entrées. Mais la minisérie tend également vers la tradition bien anglaise du récit d’espionnage chère à John Le Carré.
Autre similitude avec sa précédente minisérie, on assiste dans ce premier épisode à une course poursuite à pieds échevelée. La scène fait écho à une cavalcade folle assez proche — quoique bien plus longue — dans The Shadow Line. Le procédé et sa facture résolument low-tech évoque les films de conspiration des années 70.

Dans cet univers, c’est un réel plaisir de retrouver Stephen Rea (Sir Hugh) ! L’irlandais déjà présent dans The Shadow Line s’est également distingué l’année dernière dans l’Ovni Utopia.
Rea se glisse ici dans les habits sombres d’un agent des renseignements poussé vers la retraite. Bien peu d’acteurs sont capable d’un tel flegme d’éternel chien battu aussi délicieux ! Comme évoqué plus haut, son parcours est mis en parallèle avec celui de Stein. Ce qui fait de lui un personnage à surveiller.

Sans trop en dévoiler dans le cas où vous n’auriez pas vu l’épisode, une scène assez dramatique propulse Nessa dans les territoires occupés. Ce qui semble être un flash-forward ajoute au mystère de la série mais lui confère une dimension internationale bienvenue. Il va falloir compter avec The Honourable Woman cet été !

Visuels : The Honourable Woman / BBC Two / SundanceTV
Musique : Radiohead “how to desappear completely” (2000 Parlophone Rec.)

*: Je reviens sur Tyrant prochainement. La série est très décevante, je ne vous le cache pas, et je préfère laisser passer quelques épisodes avant de me prononcer…

3 commentaires sur « The Honourable Woman s01e01 “the empty chair” »

  1. Oui, la capacité des acteurs américains et anglais à changer d’accent est étonnante.

    Je n’imagine pas un acteur français prendre l’accent de Marseille ou du nord ailleurs que dans une comédie

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    1. Pardon de ne pas t’avoir répondu plus tôt. Je crois que l’accent est justement l’une des subtilités du jeu d’acteur quelle que soit sa nationalité ! Il se doit de composer avec si nécessaire…

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