(Amazon) un pilote parmi 5 soumis au public – troisième vague –
Si Steven Soderbergh s’est retiré du cinéma, il s’investit désormais pleinement sur le format sériel pour le plus grand bonheur du sériephile ! Cinemax nous livre actuellement The Knick dont il a réalisé intégralement les dix épisodes et il promet de récidiver pour la saison 2. Je suis sous le charme de la série et j’y reviens très vite. Mais Soderbergh ne saurait s’en contenter. Il était déjà un cinéaste très productif et, qu’on se le dise, il sera également un artisan actif pour le petit écran.
Il produit ce pilote d’une comédie dont on ne voit pas comment Amazon pourrait l’ignorer ! Voici mon avis sur Red Oaks, mon coup de coeur parmi cette troisième vague de pilotes.
Pour rappel, vous pouvez lire dans cette même colonne ce que je pense du drama Hand of God et des comédies The Cosmopolitans et Really qui font partie des cinq pilotes soumis à l’appréciation du public depuis un peu plus d’une semaine sur amazonoriginals.com.
En entamant ce tour d’horizon des pilotes Amazon en début de semaine, je n’avais qu’une seule certitude : il me faudrait vous parler de Red Oaks en ce vendredi ! Vous devinez quelle en est la raison si vous fréquentez ce blog régulièrement, oui, elle constitue une candidate parfaite pour ma chronique musicale du vendredi.
Montez le volume des enceintes ou préparez votre casque audio fétiche, nous sommes à Tempe, Arizona en 1982 et voici les Jetzons :
L’histoire des Jetzons est courte. Le groupe n’aura existé que huit ans publiant un seul Ep mais devenant de véritables légendes dans un état où on leur attribue rien moins que d’être à l’origine d’une authentique scène musicale locale. Le quatuor ne survivra pas au voyage dans la cité des Anges, l’héroïne est partout, mais leur musique reste, ce savant mélange entre punk et new wave.
La bande son de ce pilote est aussi large que pointue, oscillant entre Bronski Beat et Billy Ocean. L’immersion sonore dans les années 80 est totale, surclassant en quelques titres seulement, l’effort musical pourtant très solide d’Halt & Catch Fire.
New Jersey, 1985
David Myers s’apprête à passer son été à travailler au sein du Country Club de Red Oaks, en tant qu’assistant entraîneur de tennis, tout un programme. Son père y voit une opportunité fantastique afin qu’il y fasse des rencontres de personnalités importantes qui sauront se souvenir de lui lorsqu’il sera diplômé et devenu comptable, enfin, c’est surtout ce que souhaite on père ! Mais ce dernier s’éffondre lors d’une partie de tennis nocturne, victime d’une attaque et devant l’urgence, supplie son fils découter plutôt ses sentiments…
Sur le tournage de Behind the Candelabra, Gregory Jacobs qui produit le biopic destiné à HBO, suggère l’idée Red Oaks à Soderbergh. Ce dernier est emballé et le script est bouclé durant le tournage de The Knick. Le duo se met d’accord sur le metteur en scène, ce sera David Gordon Green, un habitué du cinéma indépendant, proche de leur sensibilité donc, et qui se trouve avoir une solide expérience à la réalisation d’une comédie sérielle. Green avait en effet signé pas moins d’une douzaine d’épisodes répartis sur les quatre saisons d’Eastbound and Down.
Le résultat est une déclinaison d’un grand classique du cinéma américain : le récit d’émancipation ou, pour employer le terme à la mode, la coming-of-age story. Des long métrages comme le classique ultime La folle journée de Ferris Bueller jusqu’à plus récemment, le très touchant Cet été là (The Way Way Back) sont venus s’additionner sans pour autant affaiblir un genre avec des codes bien précis (la figure parentale déphasée, le personnage décalé qui pousse le héros à sortir de sa zone de confort et au final la prise de responsabilité).
Alors on s’interroge sur la faisabilité d’étendre un tel récit à l’échelle d’une saison. Est-il possible de délaisser le personnage principal pour s’intéresser à un collectif ?
Dans le cas de Red Oaks, il ne fait aucun doute que oui. La galerie de personnages est soignée et les pistes à explorer sont nombreuses.
Et pour aller dans ce sens, il suffit de s’intéresser au casting aussi malin qu’abouti pour s’assurer du potentiel de chaque personnage. Dans le rôle principal, l’acteur gallois Craig Roberts est très à l’aise. Il était d’ailleurs très bon dans Submarine, un film qui se trouve justement être un coming-of-age.
Dans le rôle de ses parents, il y a deux trouvailles absolument savoureuses que sont Jennifer Grey (Dirty Dancing) et Richard Kind (Spin City, Luck). Et puis, on se doit de signaler Paul Reiser qui est aussi très bon dans Married (FX) actuellement.
Enfin, il faudra surveiller Oliver Cooper (Project X) et Ennis Esmer (The Listener) pour leur potentiel humoristique élevé !
Red Oaks nous convie ici à un pilote vraiment fun, immédiatement attachant, ce qui en fait une introduction rare. Pour Amazon, c’est un “no-brainer” et ce d’autant plus qu’il est bien noté pour l’instant par les utilisateurs du site. Avec Transparent (qui arrive enfin à la fin du mois), ils tiennent là une seconde pépite !
Visuels : Red Oaks / Amazon
www.amazonoriginals.com
Quelques extraits sont disponibles sur Youtube
Musique : The Jetzons “4 3 1” (1982 Fervor Rec.)
Un avis sur « Read Oaks s01e01 »