The Honourable Woman s01e08 “the paring knife”

(BBC/sundanceTV) une minisérie en huit parties et sur Canal+ dès le 29 juin –
Emerging from the sidelines Ö Atika Halabi (Lubna Azabel).

L’année dernière (en 2013), la plus belle minisérie nous était offerte par le duo BBC/SundanceTV. Cet été, le couple poursuivait sa collaboration avec un thriller d’espionnage haletant, une réflexion géopolitique étourdissante d’autant plus actuelle qu’elle se jouait au cœur d’un conflit Israëlo-palestinien tristement de retour en ouverture des journaux télévisés. Cette fois encore, une grande actrice devait illuminer le petit écran pour le plus grand bonheur du sériephile. Maggie Gyllenhaal est The Honourable Woman et voici pourquoi vous vous devez de découvrir son histoire.

Vous n’avez pas pu passer à côté de Top of the lake l’année dernière – si c’était le cas, je vous recommande vivement ma preview sans spoilers – et la succession s’annonçait forcément difficile à assumer. Pourtant, on oublie très vite la caméra de Jane Campion et tout le talent d’Elisabeth Moss. Plus étonnant encore, The Honourable Woman s’appuie sur un sujet difficile, un environnement qui, nous le verrons, s’avère complexe à développer et sur un récit bien loin d’une trame classique policière comme pouvait l’être Top of the Lake.

Noble et philanthrope !
Nessa Stein vient d’être anoblie. Cette riche héritière gère – en compagnie de son frère Ephra – la société familiale transmise par un père qui aura succombé à ces activités de marchand d’armes alors qu’ils étaient tous les deux enfants. Les Stein ont une toute autre ambition et investissent massivement pour améliorer la vie dans les territoires palestiniens.
Cette position est pourtant très compliquée à tenir et alors qu’elle s’apprête à annoncer un nouveau partenariat avec une sous-traitant palestinien, son représentant se suicide dans d’étranges circonstances…

On doit The Honourable Woman à Hugo Blick qu’il a écrit et réalisé en intégralité. J’avais déjà eu l’occasion de faire l’éloge de l’anglais dans cette colonne à l’occasion de The Shadow Line. Cette dernière était déjà une minisérie pour la BBC que j’avais pris soin de situer en bonne place dans ma rétrospective de 2011.
Dans The Shadow Line, Blick assemblait un thriller sombre et complexe mais surtout très masculin. Avec The Honourable Woman, le récit est à nouveau ardu mais il est éclatant de lumière et s’intéresse majoritairement aux femmes !

Pour aller plus loin dans la comparaison, The Shadow Line était sans doute plus impressionnante d’un point de vue formel. Les décors étaient en particulier splendides alors que pour The Honourable Woman, comme souvent lorsqu’il s’agit d’espionnage, on se concentre essentiellement dans des intérieurs moins exubérants. Les lieux évoquant les territoires occupés devaient rester cohérents avec un mode de vie réel très enfermé du fait des circonstances. Le tournage qui s’est effectué au Maroc répond pleinement à cet objectif.
On devine aussi que contrairement à son oeuvre précédente, Blick aura été hypnotisé – et comment lui en vouloir – par son actrice. Ce qui aura eu pour conséquence une certaine sobriété qui sied finalement assez bien au sujet.

Maggie avec un grand M !
Son actrice justement est phénoménale ! Je n’ai pas la prétention de vous certifier avoir l’oreille anglaise mais il se dit un peu partout que son accent british est une merveille, ce qui n’est pas une mince affaire s’agissant d’une actrice américaine. Maggie Gyllenhaal aura pris des risques, osé s’aventurer sur un format de huit heures et un personnage bien loin de sa belle prestation dans Crazy Heart qui lui avait valu une nomination aux Oscars.
Tout au long de cette minisérie, Nessa est malmenée aussi bien physiquement que psychologiquement et c’est sans retenue qu’elle affronte cette adversité démesurée et vouée à l’échec. Gyllenhaal en sort grandie ! Sa performance est à la hauteur d’une minisérie qui porte bien mal son qualificatif de mini.

A ses côté, le casting est tout simplement fantastique. A commencer par Lubna Azabal dans le rôle d’Atika et son beau regard sombre. Voilà une actrice qui se livre aussi sans réserves et que l’on espère retrouver rapidement tant elle une forte impression.
L’autre grand pôle d’attraction se nomme Stephen Rea. Déjà présent dans The Shadow Line, il est fascinant en responsable du MI-6 trop longtemps cantonné sur une voix de garage. Rea possède une classe naturelle et une élocution ensorcelante qui lui ont valu de belles séquences dans la première saison d’Utopia également.

Mais ce n’est pas tout ! The Honourable Woman additionne les talents avec quelques uns des acteurs anglais les plus convaincants de la scène actuelle. Il faut citer Andrew Buchan (Broadchurch) et Tobias Menzies (Black Mirror, Game of Thrones) ainsi que l’actrice Eve Best (Nurse Jackie) ici parfaitement vénéneuse.

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Un récit nécessaire
Alors, bien sûr, la minisérie prend une toute autre ampleur lorsqu’on la découvrait cet été (2014) sans ignorer la pluie de bombes qui redoublait au proche orient. Hugo Blick prend tout de même bien soin de ne pas refaire la réalité historique d’une région tourmentée. Son sous-texte est un message d’idéaliste – forcément – un peu vain et pourtant nécessaire.
La réalité du terrain, de ce qu’est Gaza au quotidien n’est pas minimisée mais elle ne sert pas de prétexte à démonstration. Le propos de Blick consiste plutôt à dénoncer combien le conflit est attisé, voir au mieux abandonné dans un statu quo malsain qui arrange des requins aux motivations bassement personnelles.

En définitive, il en ressort une oeuvre singulière qui représente bien tout l’intérêt du genre sériel actuellement. La prise de risque, celle de s’approprier un sujet désormais trop risqué pour un autre médium comme le septième art. Et puis surtout sa dimension d’urgence plus à même de suivre l’actualité même si la synchronisation de The Honourable Woman avec la résurgence du conflit est fortuite.

Avec un faux rythme et une mise en scène sans artifice, The Honourable Woman ne cherche pas la facilité. Hugo Blick s’affirme comme un maître du thriller complexe aux nombreuses ramifications qu’il incombe au téléspectateur de détricoter. C’est une oeuvre qu’on n’apprécie pas en se contentant de la subir. A ranger sous le fameux combo à trois mots : Du Grand Art !


Visuels : The Honourable Woman / BBC / SundanceTV
Canal+ devrait la diffuser en 2015

Edit (29/06/15) : la série débute effectivement dès ce soir sur C+, un an après sa diffusion originale ! Le sujet étant ce qu’il est, on pardonnera très vite ce délai et on félicitera même la chaîne de programmer THW en prime time !

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