La saison 2 Sur Sundance Channel dès le 9 octobre – La saison 1 sur Arte dès le 16 octobre –
Voilà une saison 2 qui était attendue au tournant ! Diffusée sur SundanceTV, Rectify aligne des audiences modestes – vous me direz, tout est relatif – et pourtant, c’est une authentique pépite qui me poussait à la placer en tête de ma rétrospective l’an dernier. A partir de la semaine prochaine, vous n’aurez plus aucune excuse pour pouvoir prétendre ignorer Rectify ; la saison 2 sera visible en France sur Sundance Channel et la saison 1 dès la semaine suivante sur Arte !
Ce n’est pas sans une certaine aprèhension que je découvrais cette saison 2 au début de l’été. Comment la série allait-elle évoluer ? Le passage de 6 à 10 épisodes par saison serait-il un boulet ou une vraie plus-value ? Et enfin, La série pourrait-elle être en mesure de prolonger cet onirisme débridé ?!
Près d’un mois après en avoir terminé avec cette deuxième saison, j’ai encore Paulie (dans l’état de Georgie / le tournage a lieu à Griffin) bien en tête. Le récit s’est dévoilé à deux vitesses mais l’état de grâce est toujours là !
Rectify est une bonne candidate pour ma chronique musicale. Outre les compositions de Gabriel Mann (voir son score sur Soundcloud), la supervision musicale bien que sobre est toujours très inspirée. Linda Cohen qui officiait déjà la saison passée continue de nous proposer une sélection à tendance majoritairement folk. J’ai cepennant retenu un titre un peu plus rock n’ roll entendu lors du très bon s02e09. Voici Low :
Le trio sobrement intitulé Low est originaire de Duluth (hello Fargo) et officie depuis 1993. Au delà d’un rythme assez lent, les deux membres principaux, mariés et mormons pratiquants à la ville, développent une approche musicale qui n’est pas sans rappeler une sensibilité plus country.
Habituellement, j’aurais placé ici un petit commentaire pour vous dire combien ce placement musical était judicieux. Hors, dans le cas présent, il serait difficile d’évoquer la scène sans vous la dévoiler en partie. Sachez simplement que ce passage est une explosion d’émotions…
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à vous réorienter vers ma présentation de la série si vous ne la connaissez pas encore, ou bien sur une analyse un peu plus poussée de la saison 1. Ce qui suit devrait éviter les révélations mais il serait bon d’avoir au moins vu les six premiers épisodes avant de continuer cette lecture.
Éloge de la lenteur
Lorsque je présente Rectify à des amis – en très bien forcément –, je commence invariablement par souligner sa lenteur. C’est une caractéristique qui n’est pas forcément simple à défendre. Il faut insister sur le fait qu’il s’agit d’une force, expliquer la démarche qui consiste à accepter le statu-quo et progressivement glisser vers un stade ou l’on se délecte de cet immobilisme justement. Dans Rectify, de nombreuses choses son suggérées alors qu’il ne se passe rien, c’est paradoxal je sais mais cela souligne toute sa singularité !
La première saison introduisait ce rythme mais sa durée ramassée en six volets atténuait le choc de vélocité. Allongée à dix unités, Rectify épouse plus largement cette lenteur, notamment dans les premiers épisodes. Daniel fait de nouvelles rencontres (La famille de Kerwin, Lezlie avec “z”), des rencontres limitées dans le temps qui éloignent les épées de Damoclès flottant au dessus de sa tête.
it interests me more to explore the existential journey of Daniel and everyone around him as they try to make sense of their lives on a moment to moment basis.
(Ray McKinnon)
Ce désintérêt pour les ressorts judiciaires est très courageux de la part de Ray McKinnon – créateur de la série – et de ses scénaristes. Voilà qu’ils s’éloignent délibérément des circonstances dramatiques de son récit pour se concentrer sur la seule personnalité de son héros, perdu entre un trouble profond et l’étonnement qu’il manifeste envers sa liberté retrouvée.
Au final, j’associe souvent Rectify avec un gros mot : la patience ! Ce terme est souvent honni dans la plupart de la production sérielle tant la règle consiste souvent à privilégier la fuite en avant.
Il faut être patient pour comprendre tout l’intérêt des méandre qu’emprunte Daniel. Tous n’ont pas une justification auprès de son destin immédiat mais ils évoquent systématiquement une signification lourde de sens. La fin de la saison 1 se terminait par un geste terrible, presque burlesque devant son absurdité. Au delà de la surprise, je ne m’attendais pas à trouver, en aval de cette rivière placide en apparence, une explication aussi limpide pour comprendre son comportement.
C’est toute la force de cette série qui récompense le téléspectateur ,témoin attentif depuis la source jusqu’au confluents du récit.
L’émergence d’un autre personnage
La galerie de personnages dans Rectify est très complète. Face à Daniel (Aden Young), le centre de gravité de la série se déplaçait toutefois vers deux femmes, Amantha (Abigail Spencer) sa soeur et Tawney (Adelaide Clemens) sa belle-soeur.
Rien ne présupposait la soudaine prise d’épaisseur d’un personnage masculin, empruntant une trajectoire étonnement parallèle à celle de Daniel ! Ted Jr. – le demi-frère de Daniel – va pourtant connaître un parcours tout à fait dramatique au cours de cette saison 2 et trouver une nouvelle importance par la force des choses.
Là encore, son traitement dénote de manière éclatante combien Rectify n’est pas une série comme les autres. Le personnage de Ted Jr. formidablement interprété par Clayne Crawford n’aurait eu qu’un comportement bête et méchant dans toute autre récit. Ici, il s’oppose à Daniel, oui, mais étale aussi tout son spleen, puis se reprend pour tenter de rebondir avant de partir en sucette dans les grandes largeurs.
Son parcours est bouleversant ! Il apparaît clairement que le récit peut se permettre de le faire exister dans ces proportions grâce à la rallonge d’épisodes. Surtout, je crois que Rectify y gagne beaucoup en se créant un autre point d’ancrage. Les interrogations existentielles de Daniel me fascine mais elle ne peuvent séduire tout le monde. L’alternative Ted Jr. est une aubaine pour la série afin de ne pas s’aliéner une partie de son public potentiel.
Rectify sera de retour en 2015 pour une saison 3. La série fait désormais véritablement office de locomotive pour les productions originales de SundanceTV. Un peu plus tôt dans l’année, The Red Road n’avait pas totalement convaincu mais la filiation avec la série de Ray McKinnon est évidente. SundanceTV possède une ligne éditoriale forte et qu’elle est pour l’instant seule à défendre. Enfin, pour l’intant…
PS : à noter qu’il y a débat sur la toile concernant le titre que je cite plus haut. Le site officiel annonce le même titre mais précise qu’il s’agit de la reprise signée Robert Plant & the Band of Joy. Voici cette version :
Visuels : Rectify / SundanceTV
Musique :
Low “silver rider” (2005 Sub Pop Rec.)
Robert Plant & The Band of Joy “silver rider” (2010 Decca Rec.)
La série est hypnotique. On est habitué à des séries qui sont beaucoup plus speed et on pourrait avoir rapidement envie de laisser tomber Rectify. Mais elle a ce qqch qui fait qu’on reste scotché et qu’on rentre dans la vie de cette famille, dans leur intimité et qu’on se laisse baigner par la lumière de Paulie !
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