(BBC) diffusée sur France Ô les vendredis 7 et 14 novembre à 20h45 –
La minisérie est un exercice de style qui conserve toute sa vitalité. A une époque où les productions – notamment câblées – optent pour des envergures de plus en plus réduites, il est intéressant de constater que le format limité n’est en rien cannibalisé !
L’année 2014 nous a d’ailleurs livré un fabuleux exemple avec The Honourable Woman et HBO vient à nouveau de démontrer tout son savoir faire avec Olive Kitteridge qui était diffusée en début de semaine.
Dancing on the Edge est un effort traversé d’une élégance toute anglaise. Elle nous propose de découvrir l’émergence d’une scène jazz au royaume de sa majesté de l’entre deux guerres. Sur un rythme paradoxalement peu entraînant, elle est tout entière portée sur les épaules d’un casting éblouissant.
Stanley Mitchell est un journaliste ambitieux. Un soir, il observe attentivement les réactions enthousiastes d’un public clairsemé à la sortie d’un petit club local. Le Louis Lester Band vient de s’y produire et Mitchell décide d’aider le groupe à percer. Très vite, le succès est au rendez-vous mais les musiciens se frottent alors à un monde aristocrate étrange et versatile qui aura vite fait de se retourner contre un groupe de jazz composés uniquement d’artistes noirs…
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Dancing on the Edge est une fiction que l’on doit à Stephen Poliakoff. Le dramaturge anglais est une véritable institution, lui qui était scénariste résident au National Theatre dès l’âge de 24 ans. Après de nombreuses créations pour la scène, Poliakoff s’est naturellement intéressé au cinéma et à la télévision (The Lost Prince).
Fasciné par les sujets d’époque, il a découvert que Duke Ellington avait eu de fréquents contacts avec les sphères royales lors de ces passages à Londres. Il imagine alors un groupe de jazzmen tous noirs, originaires des Etats Unis et tentant de vivre de leur art dans l’Angleterre des années 30.
Pour construire un univers musical qui s’annonçait forcément très riche, il a confié la bande originale à Adrian Johnston, avec qui il collabore habituellement. La partie jazz est très complète avec des morceaux à la fois enlevé et d’autres plus mélancoliques. Dans le soucis de choisir des musiciens capables d’être acteurs et inversement, on devine, même sans être spécialiste musical de la période, que les titres vocaux sonnent plus modernes qu’ils ne le devraient. Toutefois cela correspond bien à l’idée de départ qui assume parfaitement sa teneur fictionnelle.
Un casting somptueux !
Mais vous l’avez compris, l’atout majeur de Dancing on the Edge se trouve au niveau de la somme de talents additionnés. Le rôle principal du pianiste Louis Lester a été confié à Chiwetel Ejiofor – qui a depuis pris une autre dimension après sa prestation dans 12 Years a Slave – à moins que ce ne soit Matthew Goode qui se charge de personnifier le journaliste, mais je vous laisse en décider.
Il est entouré d’un trio d’actrices impressionnant et constitué d’Angel Coulby (Merlin, The Tunnel), Joanna Vanderham (The Paradise) et Janet Montgomery (Salem).
Je me dois enfin, pour enfoncer le clou, de vous parler de Jacqueline Bisset, John Goodman et Anthony Head qu’on ne présente plus. Ces trois seconds rôles élèvent encore un peu plus un collectif décidément impressionnant !
Mais cet attelage aurait sans doute mérité un plus bel écrin. Il faut reconnaître que les décors ainsi que les costumes sont parfaits mais la mise en scène ne provoque aucun émoi. Faut-il y voir un certain goût pour un statique très théâtral ? Toujours est-il que Poliakoff ne se distingue pas en réalisant l’intégralité de sa minisérie.
C’est regrettable, d’autant plus que The Hour avait montré la voie deux ans plus tôt, toujours sur la BBC. Son récit relativement dépourvu de tensions dramatique aurait d’ailleurs pleinement bénéficié d’un peu plus d’inventivité.
C’est tout de même une bien belle minisérie que France Ô vous offre là dès demain. Concaténée en deux soirées et malheureusement diffusée en version française, Dancing on the Edge est un récit d’époque séduisant qui mérite le détour !
Visuels : Dancing on the Edge / BBC