(Audience/DirecTV) saison 1 en 10 épisodes ; saisons 2 et 3 prévues –
Avec ce mois de décembre désormais bien entamé, la mi-saison comme on l’appelle devient une réalité assez cruelle. Depuis la rentrée, les nouveautés ont écoulé environ une dizaine d’épisodes et il est temps de compter les rescapées.
Pour ma part, elles se comptent sur les doigts d’une seule main et la première qui me vient à l’esprit, car c’est une authentique bonne surprise, c’est Kingdom, diffusée sur l’obscure Audience !
En dix épisodes, cette série centrée sur le combat libre (MMA) s’est révélée être une plongée émotionnelle et complexe sur un clan familial aux pieds d’argiles, ainsi qu’un récit à fleur de peau qui pousse à la comparaison élogieuse (FNL es-tu là ?).
A noter que j’avais proposé une petite présentation de la série qui vaut le détour même si ce qui suit ne comporte pas de révélations véritables.
Mais tout d’abord, je me dois d’insister sur l’excellente bande son de la série. En plus des compositions originales de Joanne Higginbottom, la supervision musicale est assurée par Billy Gottlieb – voir son cv impressionnant sur IMDb qui inclut Pulp Fiction tout de même – pour une direction très rock indie qui épouse parfaitement le microcosme si particulier de Venice. Démonstration avec les Street Joy :
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Sans trop faire de révélations, cette saison comporte en tout et pour tout quatre combats. Alors oui, il y a de nombreux entraînements mais si l’on prend en compte la brièveté des affrontements – c’est un sport de combat vraiment… direct –, on s’aperçoit que Kingdom se sert de la discipline comme d’un simple prétexte.
A partir de ce postulat, il faut pouvoir créer des enjeux dramatiques entre des personnages qui sont censés n’être que des brutes binaires. C’était là tout le défi de Byron Balasco (créateur, producteur et scénariste) et il y parvient en s’appuyant sur un univers qu’il retranscrit avec précision. Ces protagonistes sont effectivement limités mais les relations qui les animent sont sincères et tangibles, de celles qui déclenchent notre compassion.
Du reste, cette saison est traversée par deux thèmes prépondérants. Il y a tout d’abord le motif de l’autodestruction qui touche de près ou de loin tous les personnages. On la ressent principalement avec Ryan dont le parcours est un éternel recommencement. Il sort de prison après une peine qu’il a purgé pour avoir implosé en famille et les frustrations qui l’animent sont difficiles à contenir. Mais il y aussi Alvey, son entraîneur, qui semble tout avoir pour être heureux alors que le doute l’envahit en permanence. Cela fait sans doute de lui un bon coach, seulement cette instabilité est insurmontable au point qu’il lui soit nécessaire de consulter un psychologue. Tout ce qu’il a acquis menace de voler en éclat à tout instant de son propre fait.
D’autre part, le Mixed Martial Arts est une discipline de combat comme les autres. Une fois sur le ring, seule la victoire compte ! Et justement la victoire est un concept bien trop glissant dans Kingdom pour que ces personnages puissent en jouir pleinement. Sitôt acquise, elle s’effrite et laisse le vainqueur désemparé.
Dans cet épisode, on évoque l’idée du Labyrinthe mais il serait plus juste de parler de destins cycliques. Vaincre constitue un objectif qui revient avec une similarité déconcertante et la vacuité qu’il procure dans la série est un sentiment fort à observer.
Balasco dispose désormais d’au moins vingt épisodes devant lui. Kingdom va donc forcément changer de catégorie et si l’intensité dramatique perdure, il va falloir compter avec la série pour l’obtention de la ceinture du champion.
Visuels : Kingdom / Audience / DirecTV
Musique : Street Joy “disappoint you girl” (2014 Trick Pony Rec.)