(Arte) magazine en ligne des cultures geek –
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Je vous propose de découvrir (si ce n’est pas déjà fait) le dernier numéro de BiTS, le magazine des cultures geek coproduit par Arte et La Générale de Prod.
Rafik Djoumi s’intéresse aux méchants dans les séries, ceux qu’on appelle communément dans le jargon les antihéros. Il rebondit notamment sur le livre de Brett Martin, “Difficult Men” traduit récemment chez La Martinière dans lequel ce dernier décrit ce qu’il définit comme étant le troisième âge d’or des séries. Une période essentiellement caractérisée par des personnages enfin en mesure de faire le mal !
N’y allons pas par quatre chemins, je m’oppose fermement au concept des âges d’or multiples – nous serions quelque part à la fin du troisième – pour définir les grands soubresauts de la production sérielle (on parle ici essentiellement du domaine US et sachez que nous sommes plusieurs à le regretter aussi, clin d’oeil ici à Manuel Raynaud).
J’avais justement tenté de démontrer pourquoi cette expression (que l’on ressort à toutes les sauces) est absurde dans un texte publié au sein du numéro 3 de More TV. La traduction du livre de Brett Martin, interviewé ci-dessus, vient relancer cette frénésie “âgedorisante” et nombreux sont ceux et celles qui la reprenne à tout bout de champs. J’en veux pour preuve, un exemple parmi d’autres, l’introduction de cette critique d’Olive Kitteridge parue dans Le Monde récemment.
Des hommes tourmentés. Martin dresse un panorama particulièrement riche et précis grâce à une brochette de séries phares du câble que sont The Sopranos, The Wire, Deadwood, Mad Men et Breaking Bad. Il dresse notamment un portrait saisissant des Showrunners concernés – le titre de son ouvrage leur fait référence aussi – et livre quantité d’anecdotes savoureuses notamment sur les frasques de Gandolfini.
Brett Martin découvre l’univers sériel dans un passé relativement récent. Alors reporter pour Time Out, HBO lui confie la commande d’un livre (officiel donc) chargé d’accompagner la fin des Sopranos. Il se retrouve plongé au plus près de la fabrication de la série lors de sa dernière saison et c’est seulement l’année suivante, alors qu’il signe un portrait de Jon Hamm pour GQ, que l’idée de cet essai commence à se concrétiser.
Du reste, il exerce à merveille un certain talent pour dépeindre le caractère des personnages clés qu’il a choisit de retenir. Mais au delà de cette compilation de détails, l’auteur ne s’autorise aucune once de critique et assemble une thèse très restreinte en préférant escamoter des séries toutes aussi brillantes de l’époque comme Oz ou Friday Night Lights, lesquelles n’étaient pas oubliées par Alan Sepinwall dans son The Revolution was televised (à bon entendeur).
Une approche plus transversale. Heureusement BiTS ne se contente pas du point de vue de Martin et s’autorise ici un champ de réflexion plus large. Vous aurez noté la référence à Profit, ce mirage absolument magistral qui apparut l’espace de quelques épisodes en 1996 avant que la Fox ne l’évacue manu-militari de sa grille des programmes.
L’avis de Marc Herpoux, même s’il va dans le sens de du journaliste américain, amène également un peu de profondeur au sujet. J’en profite pour vous dire que Monsieur Herpoux en compagnie de son compère habituel Hervé Hadmar – responsables ensemble de Pigalle la nuit et Signature – seront bientôt à l’honneur dans cette colonne car ils signent Les Témoins attendue prochainement sur France 2 et que j’aime beaucoup.
Enfin, comble de la grande classe, ce BiTS s’autorise un extrait de Too Many Cooks, cette parodie succulente et indispensable signée Adult Swim.
Retrouvez ce billet dans la sélection hebdomadaire Séries Mania
Visuels : BiTS / Arte / La Générale de Prod
Lectures : MoreTV / tous les numéros consultables ici
“Des Hommes Tourmentés : Le nouvel Age d’Or des séries : des Soprano et The Wire à Mad Men et Breaking Bad” de Brett Martin (La Martinière)