(NBC) saison 1 en 13 épisodes à voir sur 13ème RUE dès le 11 octobre ;
Saison 2 déjà prévue –
Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que The X-Files – aka Aux Frontières du Réel chez nous – va revenir sous la forme de six épisodes qui seront programmés sur la Fox début 2016. Après 7 saisons – soit 84 épisodes tout de même – de Californication et avant, donc, de retrouver Gillian “Scully” Anderson, David Duchovny s’est offert une virée en l’an de grâce 1967 pour Aquarius. Il y interprète un inspecteur de police à l’ancienne confronté à l’émergence d’un certain Charles Manson. L’affrontement est alléchant sur le papier mais le résultat se révèle globalement déconcertant.
le titre Aquarius fait ici directement référence au morceau homonyme extrait de la comédie musicale Hair. Il va donc être question du Summer of Love. Mettons-nous de suite dans l’ambiance avec The Byrds :
Les Byrds (avec la faute de lettre “façon Beatles”) sont souvent qualifiés de pionniers du Folk-Rock. Le groupe se forme en 1964 et ils doivent leur premier tube à un certain Bob Dylan (Mr. Tambourine Man). Mais le groupe formé à Los Angeles se détache du son Folk de Dylan et s’inspire de la forte influence anglaise musicale à l’époque, notamment des Beatles (tiens, tiens).
Ce “Everybody’s been Burned” est tiré de leur quatrième album (Younger than Yesterday) sorti au début de 1967. On y retrouve les deux principales expérimentations du groupe : le psychédélisme et la country.
Ce titre, c’est aussi celui de l’épisode. En fait, chaque intitulé d’épisode est d’abord le nom d’un tube de l’époque. La supervision musicale est effectivement très soignée et une compilation est même disponible* même si elle ne représente qu’une infime sélection (restreinte à Universal) du déferlement sonore qui accompagne la série.
Sam Hodiak est un inspecteur de police du LAPD. Nous sommes en 1967 et il s’associe à Brian Shafe, jeune infiltré des stups, pour retrouver la trace d’une jeune fille disparue. Leur enquête les mènent tout droit vers un groupe de hippies avec à leur tête un pseudo musicien mais vrai charismatique qui répond au nom de Charles Manson…
En 1967, Charles Manson n’est pas encore celui qui sera le chef d’orchestre d’une série de meurtres commis durant l’été 69. Du reste, un écran préambule précise bien qu’il s’agit d’une fiction élaborée dans un cadre historique. Le personnage de Hodiak est parfaitement fictif mais les événements historiques qui jalonnent Aquarius ont été choyés. NBC s’est notamment fendue d’un blog de complément très documenté.
On doit Aquarius à John McNamara, producteur et scénariste expérimenté (Prime Suspect, In Plan Sight) que le sériephile adoube surtout pour avoir co-créé la très culte Profit. Aquarius est au départ un projet pensé pour FX et pour lequel l’ajout de David Duchovny a subitement fait monter les enchères. NBC s’empare du bébé et la série prend alors le contre-pied du copshow traditionnel à base de procédural saupoudré de feuilletonnant en proposant tout simplement l’inverse. Les épisodes n’ont pas forcément leur trame requise d’enquête fermée et le récit devient agréablement destructuré.
Mais en choisissant de se situer bien avant les actes sanglant de Manson, McNamara s’oblige malgré lui à une entrée en matière relativement poussive. La perspective d’une saison longue de 13 épisodes le conduit naturellement à retarder la première confrontation entre Hodiak et Manson et c’est toute sa caravane qui patine au démarrage.
Paradoxalement, Aquarius fonctionne le mieux lorsqu’elle s’éloigne de ses deux têtes d’affiches pour tutoyer des enjeux historiques comme l’émergence des Black Panthers (ép. 5).
Le rendu formel est quant à lui composé par Jonas Pate (mise en scène des deux premiers volets) et Lukas Ettlin (chef opérateur). Leur travail, là encore, opte pour un contre-pied spectaculaire en prenant bien soin d’éviter le patchwork coloré qui accompagne habituellement tout ce qui touche au Summer of Love. Le résultat est une image fortement désaturée qui flirte un peu trop déraisonnablement avec le noir et blanc. Il faut reconnaître que filmer une représentation des années 60 n’est jamais simple. Mad Men avait de grandes difficultés à renouveler ses décors et tout le monde ne peut pas se prévaloir du budget de la chatoyante Magic City. Pour autant, il est manifeste dans le cas d’Aquarius qu’on a voulu accentuer un caractère “noir” et que les filtres appliqués aux luminosité californiennes n’ont pas pris.
Enfin, la distribution s’avère, elle aussi, inégale. Duchovny (Hodiak) cabotine et trouve toujours un champs d’expression avec un personnage bien trop décontracté pour le genre du polar noir. Et de son côté, Gethin Anthony (Manson) n’est pas aussi marquant qu’il avait pu l’être dans le Game of Thrones, bien que son personnage soit ici pour le moins consistant.
McNamara envisagerait cinq saisons pour son Aquarius. Quelque chose me dit que si la série avait la chance d’aller jusque là, la cinquième serait probablement la seule à trouve grâce à nos yeux !
Retrouvez ce billet dans la sélection hebdomadaire Séries Mania.
Visuels & vidéo : Aquarius / NBC / 13ème RUE / King Baby / McNamara Moving Company / Tomorrow Studios
Musique : “Everybody’s been burned” The Byrds (Columbia 1967)