(ARTE) une saison 1 en 12 épisodes diffusés à partir du 29 Oct. –
La rentrée sérielle française est bien là. Les Revenants ont fait leur retour, Ainsi Soient-ils nous a offert un final intense et même France 2 nous livre actuellement une comédie pertinente avec Dix pourcent.
C’est dans ce contexte qu’Arte porte l’estocade avec Au service de la France, une comédie sans doute plus clivante mais ô combien jubilatoire.
André Merlaux a le privilège de pouvoir faire ses preuves au sein des majestueux services secrets français. Mais en 1960, l’oubli d’un simple formulaire tamponné (ou pas…) peut déclencher une troisième guerre mondiale…
Cousins. La filiation avec les deux long métrages d’OSS 117 est flagrante. Et pour cause, puisqu’Au service de la France est imaginée et écrite par Jean-François Halin, lequel signait le scénario des OSS (en adaptant très librement le romancier Jean Bruce). Novice sur le format sériel, l’ancien auteur des Guignols de l’info s’est entouré des scénaristes Claire Lemaréchal et Jean-André Yerlès pour faire naître un projet qui aura mis cinq ans à voir le jour.
Il faut préciser que ces épisodes long d’environ 25 minutes avait d’abord été imaginés pour Canal+. La chaîne cryptée n’a jamais adhéré au projet car le héros n’est pas directement drôle… Contre toute attente, l’ombre d’OSS n’aura donc pas été totalement bénéfique à la série. D’ailleurs Halin se démarque des films et parle d’une relation de cousinage. Et c’est au crédit d’Arte que d’avoir cru en une comédie qui n’est pas qu’un vulgaire polycopié tout en laissant le contrôle créatif de la série à la production (chose rare, la chaîne n’a notamment pas imposé un quelconque choix de casting).
Alternance. en 1960, la France est en plein milieu des 30 glorieuses. Pourtant, c’est encore un pays en reconstruction, secoué par la guerre d’Algérie. Ce contraste entre forces et faiblesses, passéisme et modernité, est parfaitement retranscrit dans cet univers administratif austère et moderne à la fois.
Les épisodes sont également disposés afin d’alterner entre récits confinés et intrigues hors les murs du service. Si la reconstitution est impeccable aussi bien pour les décors que de par les objets et vêtements d’époque, on regrettera toutefois que la mise en scène apparaisse ostensiblement figée. Le travail d’Alexandre Courtès (réalisateur de clip) manque en effet d’un dynamisme nécessaire au sein d’une comédie qui bénéficie pourtant d’échanges saignants.
Décalage. Avec un personnage principal un peu benêt et relativement naïf (Hugo Becker), Au service de la France ne vise pas la parodie outrancière. Au contraire, le soucis de détail et une ambiance d’époque très soignée – dont une merveille de bande son signée Nicolas Godin – Amènent le téléspectateur au rire par le biais d’un simple décalage. Il ne s’agit pas de regarder une période d’après guerre avec dédain. Le ton de la série témoigne plutôt d’une certaine tendresse. L’humour d’Au service de la France repose donc sur de vraies situations qui deviennent drôle lorsqu’elles passent au révélateur de l’oeil moderne. Les auteurs s’en donnent notamment à coeur joie sur le concept de la “femme moderne”, un sujet qui devient naturellement truculent au regard des enjeux fémininistes actuels.
Les épisodes d’Au service de la France seront diffusés en trois soirées de quatre épisodes. Sur le papier, c’est assez dingue mais, en pratique, la série se prête plutôt bien au « Binge » (surtout après 3 ou 4 épisodes). Toujours est-il que je ne saurai trop vous recommander de brancher Arte ce jeudi. La chaîne mérite, une fois de plus, notre plébiscite pour cette remarquable prise de risque !
Visuels : ARTE / Mandarin TV / Luc Roux
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