(FX) s02e02 “Before the Law”,
Saison 1 et saison 2 (en cours) à voir chez nous sur Netflix
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Il est sans doute encore un peu tôt pour évoquer une saison 3 de Fargo (d’autant plus que les audiences actuelles sont en baisse). Par contre il est désormais acquis que si elle se faisait, il faudra compter avec un délai d’attente allongé. En effet Noah Hawley – showrunner de Fargo – travaille sur un autre série intitulée Legion, l’adaptation d’un titre de l’écurie Marvel. Le projet aura, semble-t-il, été compliqué à faire aboutir mais FX – sans doute impatiente d’avoir son super-héros attitré – vient d’annoncer la commande d’un pilote.
L’héroïsme n’est peut être pas encore au menu de cet épisode de Fargo, mais le maléfique Lorne Malvo de l’an passé est déjà remplacé par un Mike Milligan (Bokeem Woodbine) tout aussi remarquable.
Attention, ceci est un commentaire détaillé dudit épisode. Il est donc préférable de l’avoir vu avant de lire ce qui suit.
“Who were the goons?”
Une réunion se prépare au domicile familial des Gerhardt à Fargo. “Reunion”, c’est justement le titre de ce morceau signé Bobbie Gentry qui accompagne l’ouverture de cet épisode :
C’est l’occasion de découvrir un peu plus les Gerhardt, descendants d’immigrés allemands, dont le chef de famille – Otto – vient d’encaisser une attaque cardiaque. Floyd, la matriarche entend bien assurer la succession, passant outre l’ambition de son fils aîné, Dodd.
Car le clan mafieux à du pain – ou plutôt de la brioche – sur la planche. Le syndicat du crime de Kansas City souhaite carrément acquérir les opérations de la famille Gerhardt et chacun sait que cela annonce l’ouverture des hostilités.
La séquence durant laquelle les représentant de KC croisent les fils Gerhardt annonce précisément la couleur. On retrouve ici l’une des marques de fabrique de la série, un ralenti particulièrement tendu qui évoque, au delà de l’univers des Coen, un grand classique du western.
“Was this whole mess about her?”
Mais Fargo sait alterner les tonalités et après la tension chez les Gerhardt, place à la sérénité des Solversons dans leur foyer à Luverne. Hank (le père de Betsy) semble d’ailleurs être un habitué du petit déjeuner des Solversons et se lance dans une histoire d’huître pour les beaux de sa petite fille. Mais l’affaire du Waffle Hut reprend le dessus. Lou vient d’apprendre que l’une des victime était un juge en provenance de Fargo. Il doit donc se résoudre à prendre l’affaire en main.
“Got to keep up appearances, though, right?”
Chez les Blumquist, le réveil est difficile. Ed garde en mémoire les événements de la veille qui l’ont conduit à tuer Rye Gerhardt, et renonce à aller travailler afin de nettoyer le carnage dans le garage. Peggy arrive en retard au salon de coiffure mais, étrangement, sa patronne ne lui en tient pas rigueur. Elle essaie même de la convaincre pour qu’elle l’accompagne à un séminaire tout en dénigrant sa relation avec Ed :
Constance: “The word ‘we’ is a castle, hon, with a moat and a drawbridge, and you know what gets locked up in castles?”
Peggy: “Dragons?”
C: “Princesses. Don’t be a prisonner of ‘we’.”
Pendant ce temps là, Ed récure son garage. L’occasion de constater que le sang n’est pas facile à nettoyer. Le produit qu’il utilise ne fait qu’étaler la tâche sur le sol. Une fois terminé, il va même jusqu’à brûler ses affaires dans la cheminée. Pour un peu, on pourrait croire qu’Ed a plus de jugeote que Lester. L’occasion d’écouter Burl Ives :
Yours in peace and harmony
On se familiarise ensuite un peu plus avec le trio d’hommes de main envoyés par Kansas City. Il y a les mutiques jumeaux Kitchen, Gale et Wayne (Brad Mann & Todd Mann), ainsi que le bien plus bavard Mike Milligan (Woodbine). Ce dernier a pour mission de trouver le cadet des Gerhardt, Rye, afin de faire pression sur la famille mais il découvre rapidement que sa piste mène à une scène de crime.
En approchant du Waffle Hut, il croise le regard de Lou, lequel contacte son beau père par radio pour qu’il intercepte l’étrange trio à bord d’une Oldsmobile. Hank comprend tout de suite que ces trois là ne sont pas des enfants de coeur. Il n’en mène pas large non plus lorsqu’il effectue son contrôle mais Milligan noie le poisson et le deuxième affrontement tendu de cet épisode prend fin sans accrocs.
Woodbine s’en donne à coeur joie. Il est évident qu’il se délecte de ces monologues sur un ton passif-agressif. Sa diction le propulse immédiatement en digne héritier de Billy Bob Thornton.
“I got a wild hair”
Lou venait en effet d’improviser un arrêt sur la scène du triple meurtre. Mais c’est Molly et Betsy qui font la découverte déterminante sur le parking à l’extérieur. L’arme de Rye était resté sur place au milieu d’un petit buisson. Lorsqu’il en parle à Hank un peu plus tard, il évoque aussi le regard du cuisinier abattu et sa position au sol. Lou et son beau père dérivent alors vers leurs expériences de vétérans. Hank est allé en Allemagne durant la seconde guerre mondiale, Lou est revenu quant à lui de la guerre de Corée. Hank enchaîne en disant qu’il y a eu six ans sans meurtre dans la région lorsqu’il était revenu du front mais il ne peut que constater que les hostilités battent leur plein depuis.
“You kind of a bad girl, aren’t you?”
Pendant ce temps là, Peggy est raccompagné chez elle par sa patronne. Cette dernière semble définitivement avoir un petit béguin pour son employée. Elle se réjouirait presque de découvrir que c’est bien Peggy qui a subtilisé du papier toilettes au salon !
Peggy parvient difficilement à expliquer ensuite l’état de sa voiture et Constance (Elisabeth Marvel) saura certainement se servir de cette information. Peggy pensait trouver Ed à la maison mais il n’y a que la radio entonnant ce titre de Fats Domino :
Ed s’en est allé disposer du cadavre de Rye en utilisant pour cela les machines dans l’arrière boutique de la boucherie en toute tranquillité à cette heure tardive. Oui, mais c’était sans l’impromptu Lou qui aperçoit de la lumière en passant devant la boutique et décide alors, sur un coup de tête, d’acheter un peu de bacon pour le petit déjeuner de sa femme.
Ed parvient à ravitailler le policier nocturne tout en cachant ses basses oeuvres. Nul doute pourtant que cette rencontre ne sera pas sans suite.
La caméra s’éloigne de la boucherie mais avec un angle étrangement vertical. Une lueur bleue-verte semble se réfléchir sur la façade du commerce. Et puis il y a la voix de l’acteur Gallois Richard Burton accompagnant la musique de Jeff Wayne tirée de son album concept revisitant La Guerre des Mondes pour clore cet épisode :
Après deux épisodes, il ne fait plus aucun doute qu’un règlement de comptes se prépare. Nul besoin d’avoir vu la saison 1 et de se souvenir des paroles d’un Lou Solverson plus âgé pour comprendre que Sioux Falls va bien connaître un bain de sang, lequel sera sans lien avec la supercherie cinématographique qui introduisait la saison.
On peut tout de même s’interroger sur la reprise de figures assez semblables entre les deux saisons. Malvo devient Milligan, Lester devient Ed et Molly est remplacé par son père, sans parler de Gus et Hank qui semblent partager ce caractère légèrement trouillard. Nous sommes donc bien loin des préceptes de l’anthologie et c’est peut être dommage de ne pas avoir rebondi plus nettement sur un autre film des Coen tout en restant dans les décors du Minnesota.
Par contre, on ne peut que se réjouir de voir à nouveau la force des femmes dans ce récit. Il est notamment intéressant de constater que c’est Ed – et non pas Peggy – qui reste à la maison pour faire le ménage avant de se retrouver en sous-vêtements dans le salon. Il faut évoquer aussi la fermeté de Floyd Gerhardt dans un environnement très masculin. Rappelons que c’est Betsy qui trouve l’arme du crime au Waffle Hut. Enfin, Constance – la patronne de Peggy – avance promptement des idées très féministes.
Alors qu’un affrontement (sans doute très masculin) s’annonce, cette prédominance féminine devrait offrir un contraste remarquable avec l’absurdité des combats.
A moins que les extra-terrestres fassent une entrée inattendue… Vivement la suite !
Observations diverses :
- Au jeu des références à la filmographie des frères Coen, il y a surtout cette petite phrase rapidement prononcé au téléphone par l’associé douteux du regreté Rye : ”I got the money, see”. C’est une réplique emprunté à Jerry Lundegaard (William H. Macy) Dans Fargo, le film.
Lorsque Bear annonce les connexions de sa mère, il évoque un certain Carter B. On pense bien sûr à Burwell, fréquent collaborateur des Coen pour la composition de leurs bandes son.
Dans sa boucherie, Ed utilise une machine pour réduire le corps de Rye en petits morceaux. C’est une référence au fameux Woodchipper, cette machine à faire de la sciure qui était détournée de façon sanglante dans Fargo, le film.
Un peu de lecture :
- Contrairement au tournage de la première saison qui avait dû composé avec un hiver rigoureux, le retour à Calgary (Canada) fût plus clément et donc, moins enneigé ! Vulture rapporte que la production était alors en concurrence avec celle d’un film d’Iñárritu pour obtenir de la neige en provenance des montagnes environnantes afin de blanchir les décors !
- Le site Tom+Lorenzo propose une étude très intéréssante des motifs dans cette saison 2, notamment ces oppositions et ses parallèles.
- Sur Vulture toujours, Jesse Plemmons (Ed) explique comment il a abordé son rôle.
- Du côté du Daily Beast, on revient sur la carrière de Patrick Wilson, un acteur fantastique qui démontre avec Fargo tout son talent.
- Le Calgary Herald évoque quant à lui l’utilisation des habits d’époque.
- Enfin, The Independant donne la parole à Noah Hawley juste avant la diffusion anglaise de la saison 2.
Visuels : Fargo / FX / MGM
Musique :
Bobby Gentry “Reunion” (1967)
Burl Ives “One Hour Ahead of the Posse” (1952)
Fats Domino “Kansas City”
Jeff Wayne “the Eve of War” (1978)
2 commentaires sur « Les apparences, Fargo s02e02 (récap.) »