2016, une grande année pour la bande originale sérielle

2016 fût à nouveau très riche en séries. On vient de l’apprendre, pour la seule production américaine, le chiffre s’élève à 455 ! De quoi donner le tournis, d’autant plus que l’ambition n’est pas automatiquement plus élevée. Il y a tout de même des motifs de satisfaction indiscutables et notamment en ce qui concerne mon cheval de bataille : le vaste développement de la bande son sérielle !

Voilà, je ne pouvais manquer à la tradition : en ce jour de Noël, je vous propose d’écouter mon habituelle playlist sérielle. Cette année, je me suis concentré sur la seule composition originale et vous pourrez constater que l’ensemble est non seulement de qualité mais surtout, il se distingue par une belle variété de genres :

Il serait tentant d’opposer l’essor de la composition originale face à un éventuel déclin de la supervision musicale. Outre le fait que la supervision se porte bien – merci pour elle –, les exemples ne manquent pas pour démontrer combien les deux sources musicales sont complémentaires.

L’exemple le plus saillant de l’année est très certainement Stranger Things. La série créée par les frères Duffer s’appuie très largement sur une ambiance musicale soignée afin de participer à l’établissement d’un décor – au sens large du terme – des années 80. Musique originale et emprunts existants s’enchevêtrent pour construire un accompagnement qui aura été pour une bonne part dans le succès de la série. La supervision embrasse complètement la période avec des artistes comme The Smiths, Modern English, Jefferson Airplane, l’obligatoire et regretté David Bowie, The Clash et même une mémorable entrée des Toto !

Autour de cela, les Duffer ont fait appel à un duo d’Austin (TX), membres de S U R V I V E, un quatuor électronique dominé par les volutes du synthétiseur. Leur création – qui ouvre justement ma playlist ci-dessus – administre des strates de sonorités superposées pour fixer idéalement la tension, le mystère et cet entêtant aspect rétro qui colle si bien à l’univers de la série.

Et ces deux artistes, Kyle Dixon et Michael Stein de préciser qu’ils sont intervenus en amont de la réalisation, alors que le projet en était à l’étape du casting. On ne peut produire une preuve plus incontestable du nouveau statut de la bande son originale sur le format. Alors que l’exercice consistait le plus souvent à boucher les trous sans prise de son, la conception d’une ambiance musicale propre à l’œuvre est devenu un enjeu à part entière. Alors bien sûr, il y a des contre exemples comme le travail d’Angelo Badalamenti qui faisait déjà des merveilles au tout débuts des années 90 pour le compte de Twin Peaks (et dont on attend avec impatience le retour dans les futur épisodes). Mais, de manière générale, l’accompagnement sonore original n’a jamais été une priorité pour la série jusqu’ici.

Précisons également que cette embellie n’est pas limitée outre atlantique. La rentrée dernière, j’avais la chance d’interroger Eloi Ragot pour le compte du Daily Mars. Lui aussi s’est vu confié la mission de créer l’univers sonore accompagnant La Trêve (pépite belge diffusée en cette rentrée sur France 2) à un stade précoce de la production.

Enfin, je voulais insister sur l’aspect hétéroclite du déploiement musical en général. On ose désormais tout en la matière, même l’anachronique (cf Cliff Martinez pour The Knick) et cela participe d’une ouverture d’esprit plus que nécessaire. Je me suis réjouis de redécouvrir Outkast en suivant Atlanta par exemple. A l’heure où de plus en plus d’algorithmes décident pour nous, il est heureux d’avoir encore la possibilité de la surprise !

Joyeux Noël à toutes et à tous !

Visuel d’entête : Atlanta (FX)

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