L’analogie du bambou* (High Maintenance)

Le samedi soir sur OCS City en US+24 –
High Maintenance - Yael Stone

Le format court étale toute sa vitalité en cette rentrée. Des cinéastes comme Joe Swanberg (Easy sur Netflix) ou Woody Allen (Crisis in six Scenes sur Amazon) s’y essaient avec plus ou moins de réussite. Atlanta, Better Things (FX) et Insecure (HBO) font également des débuts remarqués.
High Maintenance s’inscrit pleinement dans ce contexte. Mais si elle se distingue, c’est peut être parce qu’elle porte très haut la principale caractéristique de cette vague – qu’on ne plus qualifier par le trop réducteur dramedy – : une liberté de ton et de forme flamboyante !

C’est Christopher Bear (batteur de Grizzly Bear) qui compose la musique originale de ces nouveaux épisodes pour HBO. Toutefois High Maintenance fonctionne en grande partie avec une supervision musicale très intéressante signée Liz Fulton. Démonstration avec ce titre de l’anglais Hudson Scott :

Si les épisodes que nous découvrons en ce mois de septembre sont affublés du qualificatif de « saison 1 », High Maintenance existe néanmoins depuis fin 2012. C’est alors une websérie de Katja Blichfeld et Ben Sinclair (mariés depuis) qui fait une entrée remarquée sur Vimeo. Le couple signe rapidement un deal d’adaptation avec FX qui n’aboutira pas. Au terme de cette exclusivité, Vimeo qui lance alors une offre de contenus originaux, leur commande des épisodes supplémentaires. Ainsi High Maintenance passe du DIY à un statut intermédiaire qui va finalement servir de transition jusqu’à l’étape actuelle et la livraison d’une saison de six épisodes pour le compte d’HBO.

Des premiers épisodes – souvent inférieurs à 5 min. – jusqu’à ces nouveaux chapitres plus longs (autour de 30 min.), la série s’est transformée. Elle est devenue plus réfléchie sans subir une dilution en raison de l’étirement temporel.
Surtout, elle affiche une liberté structurelle sidérante. Le personnage commun à chaque épisode, un livreur d’herbe qui fait rire (« the guy »), apparaît plus ou moins longtemps dans une collection de récits parfaitement indépendants les uns des autres. L’ordre des épisodes est totalement inopérant et High Maintenance de se définir alors comme une véritable anthologie. Mais plus intéressant encore, le format d’une demi-heure donne l’impression d’offrir encore plus de marge de création à son duo de créateurs. Ils peuvent consacrer les deux premier tiers de l’épisode à une adolescente qui se cherche puis enchaîner sur un couple plus âgé en plein psychodrame sexuel. Une simple irruption du livreur faisant le lien.

Ce livreur justement – qui n’est autre que le même Ben Sinclair, co-créateur de la série – est un barbu qui se déplace à vélo, essentiellement à Brooklyn. Toutefois et malgré ces attributs hipsterisants, le principe de la série lui permet de louvoyer au sein d’une multitude de microcosmes sociaux-culturels qui élèvent significativement l’intérêt d’High Maintenance.
Du reste, il est intéressant de remarquer que Sinclair a fait ses études au Oberlin College comme une certaine Lena Dunham (Girls) ou bien encore Sarah-Violet Bliss (la très prometteuse Search Party). De là à conclure qu’une génération est en train de s’emparer de ce format pour y faire leurs armes en lieu et place du cinéma indépendant, il n’y a qu’un pas que nous serons très nombreux à franchir.

En attendant, n’hésitez pas à donner sa chance à High Maintenance, une série qui se permet dans son dernier épisode en date (« Grandpa ») d’adopter le point de vue d’un chien, lequel tombe amoureux d’une dog-sitter interprétée par l’excellente Yale Stone (Orange is the new Black). Indispensable !

Musique : Hudson Scott « Clay » (2016)
Visuels : David M. Russellʩ 2016 Home Box Office, Inc. All rights reserved. HBO ® and all related programs are the property of Home Box Office, Inc.


*: Ce titre fait référence à une analogie citée dans ce très beau portrait de Katja Blichfeld et Ben Sinclair paru dans le New York Times.

Pour aller plus loin dans la découverte du travail des deux créateurs de la série, je vous recommande vivement le Nerdist Writers Panel qui leur est consacré.

2 commentaires sur « L’analogie du bambou* (High Maintenance) »

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